La Fabrique Culturelle

Artistes autochtones: un tour d’horizon des 11 nations du Québec

Qui sont les artistes autochtones qu’il faut absolument connaître? La Fabrique culturelle a demandé à la chanteuse, conteuse et comédienne innue Kathia Rock ainsi qu’au sociologue et critique d’art wendat Guy Sioui Durand de nous faire part de ce qui les fait vibrer. Artistes et musées à découvrir, films à regarder, livres à dévorer, musique à écouter et plateformes de diffusion incontournables: tout y est pour ceux et celles qui souhaitent se familiariser davantage avec le travail d’artistes autochtones.

La base

Parce que nos cours d’histoire sont peut-être un peu loin, Kathia Rock nous propose d’emblée cette vidéo de Briser le code qui, en moins de cinq minutes,  nous offre un petit cours 102 (non, non, pas 101) sur les Autochtones du Québec et leur histoire.

L’animatrice crie Maïtée Labrecque-Saganash nous rappelle entre autres qu’il y a 11 nations autochtones au Québec: Nitassinan (Innu), Inuit, Abénakis, Anishinabeg (Algonquin), Atikamekw, Cri-Eeyou, Wendat (Huron), Wolastoqiyik (Malécite), Naskapi, Mi’kmaq et Kanien’kehá:ka (Mohawk). Le territoire de chacune de ces nations s’étend parfois bien au-delà des frontières du Québec, comme nous pouvons le constater avec cette carte interactive.

Au sein des différentes nations, les langues et les savoirs étaient transmis oralement depuis des millénaires. Cependant, les pensionnats qui retiraient les enfants de leurs familles pour leur apprendre l’anglais ou le français ont perturbé la transmission des langues et fragilisé dramatiquement les cultures autochtones. Certaines nations en milieu plus rural ont réussi à mieux les préserver. C’est le cas notamment des Atikamekw, dont plus de 95 % maîtrisent et parlent couramment la langue de la communauté, l’atikamekw. La préservation des langues autochtones demeure toutefois un défi de taille. On pense entre autres à l’abénakis, qui n’est parlé aujourd’hui que par une petite poignée de personnes.

Plusieurs artistes autochtones se servent de leur art pour garder leur langue bien vivante et piquer du même coup la curiosité des néophytes. À cet effet, il existe plusieurs ressources précieuses en ligne pour s’initier aux langues autochtones, et un bon nombre d’initiatives culturelles visent justement leur revitalisation. De quoi permettre à n’importe qui de comprendre les paroles de la plus récente chanson de Claude McKenzie, interprétée en innu.

Commençons donc dès maintenant notre tour d’horizon des 11 nations autochtones du Québec, pour y découvrir une panoplie de talents d’ici que nous gagnerions à mieux connaître!

Petite suggestion: pour bien «absorber» toutes ces informations, nous vous proposons de conserver ce dossier dans vos favoris et d’y revenir chaque mois, question de vous plonger complètement dans la découverte culturelle d’une nation et de ses artistes, et — pourquoi pas? — de profiter du dernier mois pour découvrir les artistes autochtones par-delà les frontières du Québec.

Nitassinan (Innu)

Territoires au Québec: Côte-Nord et Saguenay

Comme nous le faisait remarquer Guy Sioui Durand, la musique et la littérature font vibrer la culture innue

Sur la scène musicale innue, les McKenzie ont laissé leur marque. On pense entre autres à Philippe McKenzie — considéré comme le père de la musique moderne innue — et à Claude McKenzie, qui forme avec Florent Vollant le fameux groupe Kashtin.

La brillante Kathia Rock, qui transmet sa culture et la mémoire des aînés sur scène grâce à sa musique et à ses contes, nous raconte d’ailleurs ses années passées en tournée avec le groupe dans cet épisode de Proxémie.

La Fabrique culturelle · Kathia Rock

Du côté de la littérature, le livre Je suis une maudite sauvagesse, d’An Antane Kapesh, est un incontournable. Publié en 1975, cet ouvrage de la première écrivaine innue publiée en français a grandement marqué les esprits et continue à résonner par son actualité.

La Fabrique culturelle · An Antane Kapesh : Je suis une maudite sauvagesse

 

Aujourd’hui, le milieu littéraire innu bouillonne de talent! Il est impossible de parler de poésie autochtone sans parler du travail de la doyenne Joséphine Bacon.

Parmi ses poètes favoris, Kathia Rock recommande entre autres Pierrot Ross-Tremblay et Michel Jean ainsi que des autrices de la relève, comme Marie-Andrée Gill et Natasha Kanapé Fontaine. De son côté, Guy Sioui Durand nous invite à découvrir Maya Cousineau MollenJ. D. Kurtness et Rita Mestokosho.

Parmi les événements incontournables du milieu culturel innu, pensons au Festival Innu Nikamu, grand rassemblement de musique contemporaine et traditionnelle. Le réalisateur Kevin Bacon Hervieux y a d’ailleurs consacré un documentaire.

Les contes et les légendes sont également à l’honneur au Festival de l’Innucadie de Natashquan et au Festival de contes et légendes Atalukan à Mashteuiatsh, créé entre autres par l’artiste en arts visuels et art-thérapeute Sonia Robertson.

La série balado Atalukan, créée dans le cadre du festival du même nom, propose de découvrir des contes et légendes narrés par des artistes autochtones. De nouveaux épisodes sont d’ailleurs prévus pour l’automne 2020.

Du côté des arts visuels et des arts de la scène, nous surveillons également les talentueuses artistes innues Soleil Launière, Sophie Kurtness et Sarah Cleary.

Pour découvrir le patrimoine culturel innu, visitez le Musée amérindien de Mashteuiatsh et le musée virtuel Nametau innu.

Inuit

Territoires au Québec: Nunavik, baie d’Hudson et baie d’Ungava

Démêlez-vous tout de suite! Bien que leurs noms se ressemblent, les Innus et les Inuit sont deux peuples aux cultures bien distinctes, et qui occupent chacun un territoire différent. Alors que le territoire innu s’étend de la Côte-Nord au Saguenay–Lac-St-Jean, celui des Inuit se situe au Nunavik, soit au Nord-du-Québec, jusqu’au Nunavut.

Sur la scène musicale, le peuple inuit n’est pas en reste! Depuis quelques années déjà, la lumineuse Elisapie nous berce avec sa musique folk, qui mêle le français, l’anglais et l’inuktitut.

Le chant de gorge inuit a une place toute spéciale dans la musique contemporaine inuit, notamment grâce aux chanteuses Beatrice Deer et Tanya Tagaq, que nous recommande Kathia Rock.

Originaire de Quaqtaq, au Québec, Beatrice Deer propose avec sa musique un savoureux mélange de chant de gorge inuit traditionnel et de rock indépendant.

Très connue du côté anglophone, la chanteuse inuite Tanya Tagaq fait aussi se rencontrer chants de gorge et folk-rock. Elle a collaboré entre autres avec Björk et Kronos Quartet, rien de moins!

Du côté des arts visuels, l’artiste Shuvinai Ashoona, de Kinngait (Cape Dorset), est une incontournable, nous indique Guy Sioui Durand. Elle est connue pour ses imposants et magnifiques dessins représentant les paysages nordiques de même que la vie quotidienne.

 

Abénakis

Territoires au Québec: Estrie et Centre-du-Québec

Impossible de passer à côté de la cinéaste et militante abénakise Alanis Obomsawin, qui a marqué le paysage cinématographique. Dès 1967, elle a travaillé à l’Office national du film du Canada (ONF) et y a réalisé de nombreux documentaires montrant la réalité de différentes communautés autochtones, un corpus important que nous pouvons maintenant découvrir en ligne sur le site de l’ONF.

Le travail de l’artiste Sylvie Bernard est également à surveiller. Telle une tisserande de l’oubli, elle a voulu donner un nom, un visage et une histoire à des femmes Abénakises de Wôlinak qui sont mortes sans avoir d’identité par le biais de sa collection Les Noms-dits, qui est composée de sculptures portables : ornements, objets précieux dont les femmes se parent pour marquer leur propre identité, symbole du prolongement de l’âme. La cinéaste Pauline Voisard a mis en lumière son travail remarquable dans une série de cinq capsules que vous pouvez voir sur La Fabrique culturelle.

Fait intéressant: c’est à Odanak, réserve abénakise, que se trouve le seul collège post-secondaire entièrement autochtone, soit l’Institution Kiuna. Guy Sioui Durand précise que ce collège est devenu un lieu de passage important pour de nombreux artistes autochtones contemporains, notamment par l’entremise de ses cours d’initiation à l’art autochtone. Le prix Manitou-Kiuna, remis annuellement par l’Institution Kiuna, encourage d’ailleurs les jeunes Autochtones qui poursuivent une carrière artistique.

Pour en apprendre plus sur les Abénakis, une visite au Musée des Abénakis, à Odanak, est de mise.

Anishinabeg (Algonquin)

Territoires au Québec: Abitibi-Témiscamingue et Outaouais

Ceux que nous avons connus comme les Algonquins dans nos cours d’histoire se sont réappropriés depuis quelques années leur nom d’origine: les Anishinabeg.

En 2007, Richard Desjardins dénonçait les conditions de vie des communautés anishinabeg dans son documentaire Le peuple invisible. Depuis les dernières années, dans le domaine des arts, ce peuple est heureusement tout sauf invisible, souligne Guy Sioui Durand.

En 2020, c’est justement l’artiste multidisciplinaire anishinabeg et eeyou Virginia Pésémapéo Bordeleau qui a remporté le Prix d’excellence en arts et culture de l’Abitibi-Témiscamingue. Sa littérature nous plonge dans l’intimité des femmes autochtones, effleurant même l’érotisme, notamment avec son tout premier roman, L’amant du lac. Son recueil de poésie De rouge et de blanc est également à lire.

En arts visuels, le peintre Frank Polson s’affiche en Abitibi-Témiscamingue et marche dans les pas du peintre Norval Morrisseau (1931-2007), fondateur de l’école des Woodlands et membre influent du Groupe indien des Sept. Par ses tableaux peints à l’acrylique qui présentent des couleurs vives et des traits noirs affirmés, il nous montre le territoire et ses animaux.

L’artiste Nadia Myre aborde avec un regard contemporain les questions d’identité, de résilience et de politiques d’appartenance dans ses œuvres. Le sculpteur Karl Chevrier, quant à lui, impressionne par son talent. Il faut dire qu’il sait construire un canot traditionnel, un savoir-faire traditionnel précieux qu’il s’assure de relayer.

En matière de cinéma, il faut regarder les documentaires du cinéaste Kevin Papatie — qu’il est possible de trouver en ligne sur Wapikoni — et garder l’œil ouvert pour le film Bootlegger, de Caroline Monnet, tourné dans la communauté anishinabeg de Kitigan Zibi. Caroline Monnet est également bien connue pour son travail en arts visuels.

Sa sœur, Émilie Monnet, est de son côté très active dans le milieu théâtral. Kiciweok: lexique de 13 mots autochtones qui donnent un sens, sa plus récente production avec le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui, à Montréal, portait sur la revitalisation des langues autochtones.

Pour mettre un peu de rock dans vos oreilles, Guy Sioui Durand recommande le duo Digging Roots, formé de Raven Kanetakta et de ShoShona Kish, qu’il qualifie de porte-étendard des valeurs de la culture anishinabeg.

Atikamekw

Territoires au Québec: Haute-Mauricie et Lanaudière

Toute une nouvelle génération d’artistes s’active chez les Atikamekw, alliant leurs forces aux artistes qui ont préparé le terrain avant eux, souligne Guy Sioui Durand.

À titre d’exemple, le comédien et artiste multidisciplinaire Jacques Newashish participait au film Avant les rues, de la jeune cinéaste Chloé Leriche. Ce film de 2016, tourné à Manawan en langue atikamekw, raconte l’histoire saisissante d’une jeune femme autochtone qui a commis un meurtre.

Chez les Atikamekw, les arts visuels foisonnent avec une panoplie d’artistes émergents qui se démarquent, dont Jemmy Echaquan, militante, réalisatrice et comédienne que nous avons pu voir dans l’émission de télévision Fugueuse; l’artiste en arts visuels et danseuse traditionnelle Eruoma Awashish (elle est l’artiste derrière l’œuvre en ouverture de ce dossier, Kakakewok (makocewok), une installation de 2018 avec corbeaux naturalisés, fil, bol en bois et couteau); et Terry Randy Awashish, un jeune artiste prometteur qui poursuit ses études en design graphique.

À suivre également: le travail de Meky Ottawa, artiste en arts visuels, qui a réalisé en 2018 une immense fresque en hommage à Alanis Obomsawin.

La jeune artiste atikamekw Catherine Boivin, de son côté, a remporté en 2018 le prix Manitou-Kiuna. Elle pratique la photographie, la peinture, la sculpture, la vidéo et la danse traditionnelle et, comme si ce n’était pas assez, elle est aussi marathonienne

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En musique, nous ajoutons à nos listes de lecture les artistes atikamekw Ivan Boivin-Flamand, Black Bears Singers, les Red Rockerz et Sakay Ottawa et Laura Niquay.

Et pour admirer un peu d’arts visuels réalisé par des artistes autochtones, visitez le Musée d’art de Joliette.

Cri-Eeyou

Territoire au Québec: baie James

Chez les Cris, Guy Sioui Durand nous invite à découvrir le village de la communauté d’Oujé-Bougoumou. Son architecture tout à fait unique est le fruit de l’imagination du Métis Douglas Cardinal. Courbes et cercles sont à l’honneur dans le travail de cet architecte, qui a aussi conçu le Musée canadien de l’histoire à Gatineau.

Du côté du cinéma, le réalisateur cri Neil Diamond nous invite à désamorcer les idées reçues au sujet des Autochtones et celles véhiculées depuis belle lurette au cinéma, par le biais de son documentaire Hollywood et les Indiens (titre original: Reel Injun).

Au rayon musical, le duo hip-hop The NorthStars, composé de Gary Jolly et Elton J, mérite que nous lui prêtions une oreille attentive. Par ses chansons, le duo souhaite tendre une perche aux jeunes Cris qui vivent des difficultés en relation avec la toxicomanie.

Kathia Rock nous invite également à écouter la musique d’Anachnid, une autrice-compositrice-interprète d’origines oji-crie et mi’kmaq qui propose un mélange de hip-hop et d’électro.

Pour entendre la langue crie dans toute sa musicalité et toute sa poésie, écoutez cette magnifique berceuse, composée par l’artiste métisse Moe Clark, en collaboration avec les artistes Cheryl L’Hirondelle et Joseph Naytowhow.

STF — NITAHKÔTÂN de Wapikoni mobile sur Vimeo.

En arts visuels, nous suivons sur Instagram l’artiste cri Jordan Stranger, qui signait en 2020 l’identité visuelle du Festival du voyageur, lequel a lieu à Saint-Boniface, au Manitoba.

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Wendat (Huron)

Territoire au Québec: Capitale-Nationale

La réserve de Wendake est le berceau de la nation wendat. Guy Sioui Durand en avait long à nous dire sur le dynamisme de sa communauté, qui dispose de nombreuses infrastructures pour profiter de la vie culturelle. Pensons entre autres au Carrefour artistique de Wendake, qui accueille des événements, ainsi qu’aux librairie et Éditions Hannenorak, seule institution littéraire en territoire autochtone au Québec.

Parlant de littérature, le seul salon du livre des Premières nations au Canada, le Salon du Livre Kwahiatonhk, a été fondé par l’auteur wendat Louis-Karl Picard-Sioui.

À la recommandation de Kathia Rock, nous suivons Ondinnok, première compagnie de théâtre francophone amérindien au Canada. Nous en profitons pour découvrir le théâtre d’Yves Sioui Durand, cofondateur d’Ondinnok et considéré comme l’un des pionniers du théâtre autochtone.

Il est le frère de Guy Sioui Durand, qui nous a grandement aidés à la recherche pour la réalisation de ce dossier. Comme mentionné précédemment, en tant qu’historien de l’art et commissaire indépendant, il est très impliqué dans le milieu des arts autochtones. Au printemps 2019, il nous parlait de son exposition De tabac et de foin d’odeur, présentée au Musée de Joliette.

Pour plonger dans l’histoire de l’art autochtone, il faut s’intéresser au travail de l’artiste wendat Zacharie Vincent (1815-1886), tout premier peintre moderne de la nation wendat. Pour découvrir des expositions d’art actuel autochtone, rendez-vous au Musée huron-wendat. Le conservateur du musée, Teharihulen Michel Savard, est aussi un sculpteur et un remarquable joueur de tambour d’eau à découvrir.

D’autres personnalités de la nation wendat sont bien impliquées dans le milieu culturel en dehors de Wendake, notamment Jonathan Lainey, conservateur au Musée McCord, à Montréal, et Sylvie Paré, agente culturelle au Jardin des Premières-Nations du jardin botanique de Montréal.

À découvrir également: les contes de Yolande Picard, le travail du prolifique sculpteur Ludovic Boney, celui de la céramiste Julie-Anne Bellefleur et l’art minutieux du perlage d’artisans de la communauté, comme celui réalisé par trois générations au sein de la famille Gros-Louis.

Wolastoqiyik (Malécite)

Territoires au Québec: Bas-Saint-Laurent et Montréal

Le peuple wolastoqiyik au Québec a des terres au Bas-Saint-Laurent, et un grand nombre de ses membres habitent à Montréal. Les Wolastoqiyik entretiennent également des liens avec les communautés wolastoqiyik qui se trouvent dans les provinces maritimes.

Kathia Rock nous recommande d’ailleurs la musique du populaire Jeremy Dutcher, originaire du Nouveau-Brunswick. Le jeune ténor a gagné le prix Polaris 2018 pour son album Wolastoqiyik Lintuwakonawa. Par sa musique, il remet au goût du jour des chants de sa communauté et participe du même coup à la revitalisation de la langue wolastoqiyik.

La jeune danseuse Ivanie Aubin-Malo propose de son côté d’éclatantes performances, dont Mula, qui faisait partie de la programmation de Tangente en 2018. L’artiste croise la danse de pow-wow avec celle contemporaine. Dans cette vidéo du collectif Flamant, elle parle de la régalia, un habit de danse traditionnel.

Pour faire le plein de beau, naviguez sur le site web de Ginette Kakakos Aubin, artiste en arts visuels. Elle s’inspire des arts primitifs de ses ancêtres — dont les dessins gravés sur des roches — pour réaliser ses toiles, gravures et dessins.

Quant à Daniel Brière et Mélanie Brière, ils sont deux cinéastes wolastoqiyik à découvrir. Daniel Brière a réalisé un documentaire sur l’histoire des Wolastoqiyik d’avant l’arrivée des Européens jusqu’à aujourd’hui, tandis que le premier court métrage de Mélanie Brière, Wolastoq amsqahs peciyat (L’origine de la Wolastoq), raconte une légende wolastoqiyik.

Naskapi

Territoires au Québec: Côte Nord et baie d’Ungava

Les Naskapis forment une toute petite communauté sur la réserve Kawawachikamach, située au nord-est de Schefferville.

Guy Sioui Durand nous invite à découvrir les rappeurs Allan et Christian Nabinacaboo, deux frères qui forment le groupe Violent Ground. Ces derniers ont commencé à faire des spectacles dans les réserves du Québec et sont montés sur scène au Festival international Présence autochtone de Montréal. Par l’entremise de leur musique, ils souhaitent donner une voix à leur communauté.

Du côté des arts visuels, l’artiste naskapi Allen Grégoire crée de superbes dessins et sculptures, puisant son inspiration dans la mythologie autochtone.

Mi’kmaq

Territoires au Québec: Gaspésie et Baie-des-Chaleurs

En Gaspésie, ce sont surtout les artistes de la nation Mi’kmaq qui rayonnent. Guy Sioui Durand souligne le travail du cinéaste Mi’kmaq Jeff Barnaby, originaire de Listuguj. Il a réalisé plusieurs courts et longs métrages, dont l’audacieux Blood Quantum. Dans ce film de zombies, présenté pour la première fois en 2019 au Festival international du film de Toronto (TIFF), une épidémie fait des ravages chez les Blancs, mais épargne les Autochtones, qui sont immunisés.

Côté musique, il faut écouter Quentin Condo, alias Q052, rappeur originaire de Gesgapegiag. Il propose un hip-hop engagé qui dénonce les injustices auxquelles font face les Premières Nations.

Prêtez également une oreille attentive à la musique du quatuor jazz Backwater Township, dont Corey Thomas fait partie. Aujourd’hui établi à Montréal, ce dernier est originaire de Gesgapegiag et le compositeur principal du groupe.

En arts visuels, nous suivons l’artiste Mi’kmaq Jordan Bennett, originaire de Terre-Neuve. Ses œuvres se retrouvent dans plusieurs événements, notamment à la Manif d’art de Québec. Il est également possible d’admirer son installation Under the Stars dans le hall du Musée des beaux-arts du Canada, à Ottawa, dans le cadre de l’exposition Àbadakone, feu perpétuel.

Kanien’kehá:ka (Mohawk)

Territoires au Québec: Montréal et Laurentides

Comme le territoire Kanien’kehá:ka s’étend jusqu’à Tiöhtià:ke (qu’on appelle Montréal en français), il importe de souligner qu’il s’agissait historiquement d’un lieu de rassemblement important pour plusieurs nations autochtones. Aujourd’hui, la métropole de Tiöhtià:ke est le centre de nombreuses initiatives culturelles. Plusieurs artistes autochtones y ont élu domicile pour pratiquer leur art, et une panoplie d’organismes autochtones y ont pignon sur rue. Pensons entre autres à Terres en vues (qui produit le Festival international Présence autochtone), au Wapikoni mobile ou encore à la Biennale d’art contemporain autochtone, pour n’en nommer que quelques-uns.

Chez les Kanien’kehá:ka, il faut suivre entre autres l’artiste multidisciplinaire Hannah Claus. Son travail, centré sur la mémoire, la communauté et la culture kanien’kehá:ka, est particulièrement remarquable. Mention spéciale à ses superbes installations en suspension.

Guy Sioui Durand nous invite également à jeter un coup d’œil aux œuvres (gravures et estampes) de Martin Akwiranoron Loft et à nous attarder, du côté des arts numériques, au travail de Skawennati. Cette dernière mêle science-fiction et culture autochtone pour créer des œuvres fascinantes, en particulier dans sa production TimeTraveller. Dans cette série de courts métrages réalisés à même le jeu de simulation en ligne Second Life, Skawennati invite le public à découvrir certains pans de l’histoire des Autochtones d’une façon complètement originale.

Le travail de la chorégraphe Barbara Diabo vaut également le détour. Connue pour ses créations en danse, elle fusionne les codes du contemporain et du traditionnel, notamment avec son interprétation de la danse du cerceau traditionnelle.

Voilà qui conclut notre tour d’horizon du travail des artistes autochtones au Québec, d’après les généreuses suggestions de Kathia Rock et de Guy Sioui Durand. Bien évidemment, ce dossier est loin d’être exhaustif. Souhaitons que les découvertes culturelles faites ici vous mèneront vers tout plein d’autres!