Forger, récolter, tricoter: ces précieux savoirs traditionnels
13 novembre 2023
Derrière chacune de ces actions se cachent d’abord des gens, des enseignements et des rencontres. Il y a aussi des cuisines, des ateliers et le territoire, des lieux où s’actualisent ces apprentissages.
Ce qu’on appelle les savoirs traditionnels, ce sont les connaissances, les techniques et les savoir-faire préservés et transmis d’une génération à l’autre au sein d’une communauté. Ces savoirs, que les gens possèdent souvent de manière bien inconsciente, s’avèrent une richesse insoupçonnée. De tels gestes répétés mille fois dans le monde d’avant pourraient s’avérer fort utiles dans celui d’après, d’où l’importance de les mettre en valeur et de les transmettre au plus grand nombre.
Nous vous proposons ici des vidéos et quelques livres qui, nous l’espérons, susciteront chez vous un intérêt pour en apprendre davantage sur ces différentes pratiques.
En forgeant à l’ancienne, et à partir de métaux récupérés, Carl Gagné se spécialise depuis 33 ans en trempe japonaise. Son carnet de commandes est rempli de créations sur mesure et ses lames sont recherchées autant par les chasseurs et les chefs que par les collectionneurs.
Sur un lopin de terre en Montérégie, à l’ombre d’un majestueux érable argenté, est installé un artisan dans son atelier. André Martel, maître tourneur sur bois et ingénieur forestier, défend avec ardeur les arbres ainsi que la transmission des savoirs ancestraux. Pendant des années, il a formé des gens de tous les horizons dans le but de perpétuer avec fierté ce métier en voie de disparition.
Sur le site culturel Kinawit de Val-d’Or, l’artisan algonquin Karl Chevrier, de la communauté de Timiskaming First Nation, entreprend la construction d’un canot d’écorce traditionnel. Acquis durant sa jeunesse, son savoir est maintenant transmis aux nouvelles générations, de la cueillette de racines en forêt jusqu’à l’étape de la mise à l’eau.
Marie-Line Dupéré a grandi à Baie-Comeau et est fortement attachée au territoire nord-côtier. Nomade saisonnière, elle retourne chaque été à ses sources pour s’installer à Pointe-aux-Outardes. L’hiver venu, elle migre vers la forêt de Saint-Ubalde, située dans la région de Portneuf. Selon Marie-Line, la vannerie s’accorde aux saisons, et toutes les plantes se tressent, pas seulement l’osier!
Née d’une famille adepte de la chasse et de la cueillette, Isabelle Simard savait déjà identifier les principales plantes du Québec à l’âge de 6 ans. Celle qu’on surnomme «la cueilleuse indigène» récolte avec soin des plantes sauvages du Bas-Saint-Laurent, pour ensuite les transformer en produits cosmétiques, comestibles et médicinaux.
Fort heureusement, ces pratiques qui demandent patience et minutie ne sont plus l’apanage des grands-mères. Karine Fournier utilise la technique du tricot pour faire un pied de nez au consumérisme et à la vitesse du temps. Avec des citoyens et des citoyennes de son quartier, elle tricote des courtepointes pour les installer ensuite sur des poteaux téléphoniques ou des arbres. Quoi de plus noble que d’apprendre ce savoir-faire pour embellir Montréal?
Et si l’art textile vous intéresse particulièrement, voici un article complet sur le sujet.
En explorant cet ouvrage empreint d’humanisme, nous nous adonnons à la couture avec Louise, nous affinons l’art de la lame avec Richard et nous anticipons la météo grâce à la connaissance du territoire de Molly et Edouard ainsi qu’à leur communion avec la nature. Chaque instant passé avec ces personnages d’exception est enrichi d’un conseil, d’une recette ou d’une astuce, pour éveiller notre curiosité à ces précieux savoirs.
Soucieuse des liens intergénérationnels et des savoir-faire ancestraux, la journaliste et titulaire d’une maîtrise en gérontologie Eugénie Emond nous offre 20 précieuses rencontres avec des Québécoises et des Québécois, des sages dont l’âge varie entre 66 et 97 ans.
«J’aime bien l’idée de pouvoir réaliser moi-même toutes ces choses. J’ai l’impression que de maîtriser quelques savoir-faire peut te permettre de survivre le jour où tu seras dans le besoin. Le jour où tu arrêtes d’apprendre, tu meurs.» — Richard Sunerton, coutelier
«Avant l’orage, différents changements dans les comportements des animaux, des végétaux et de l’environnement peuvent être observés. C’est le cas des feuilles dans les arbres: l’air ambiant les assouplit, leur envers étant ainsi dévoilé par le vent.» — Molly et Edouard Mowatt-Kistabish
Il est impensable d’aborder les savoir-faire sans nous attarder à nos traditions culinaires. À cet égard, Elisabeth Cardin et Michel Lambert ont pleinement saisi l’ampleur de notre héritage culinaire québécois. Complices, ils nous font part, dans ce livre exceptionnel, de leurs connaissances accumulées au fil des années, ainsi que des résultats de leurs recherches. Ces deux aficionados d’histoire, de saveur et de territoire y relatent 14 000 ans d’histoire et d’identité culinaire québécoise à travers les richesses autochtones, les influences européennes et les créations d’aujourd’hui. C’est à travers 20 aliments emblématiques de notre histoire culinaire (tels que la pomme, le caribou ou encore le bourgot) que ce duo nous explique les usages et les coutumes depuis l’époque des peuples autochtones fondateurs jusqu’à aujourd’hui. Puis, pour égayer nos papilles, ces aliments se transforment en autant de recettes signées par le talentueux chef Simon Mathys.
«Michel dit souvent que notre identité culinaire, c’est la richesse des métissages, des savoir-faire et de la diversité. Moi, j’ajoute qu’elle ne pourra exister que lorsque nous développerons la fierté de nos saisons et l’envie de nous alimenter de manière à laisser notre bout de planète dans un meilleur état que celui dans lequel nous l’avons trouvé.» — Elisabeth Cardin
En passant par Mashteuiatsh (au Lac-Saint-Jean), Aguanish (sur la Côte-Nord) ou Gesgapegiag (en Gaspésie), la série vidéo Saveurs: à la rencontre des cuisines autochtones nous fait découvrir des traditions culinaires autochtones. On nous présente la chasse au gibier à plumes, la pêche au homard ainsi que la récolte dans différentes communautés du territoire.
