La Fabrique Culturelle

La littérature autochtone en pleine effervescence

L’engouement ne se dément pas pour les œuvres d’autrices et d’auteurs des premiers peuples. Alors que les activités de la campagne En juin: je lis autochtone! ainsi que celles du Mois national de l’histoire autochtone et de la Journée nationale des peuples autochtones battent leur plein, nous vous présentons une sélection de livres qui illustrent la richesse de cette littérature à l’intérieur de laquelle la poésie occupe une place de choix.

 

Suggestions de la Maison de la littérature
Par Alix Paré-Vallerand, poète et employée de la Maison de la littérature, à Québec

Chant(s), d’Andrée Levesque Sioui
(Éditions Hannenorak)

POÉSIE — Chant(s) redonne vie à la langue wendat autrefois disparue, de nouveau enseignée à la jeune génération. Chants, c’est aussi la peau, la peau de la poète wendat, puis la peau du tambour résonnant: «Que ma peau soit / Terrain de jeu / Terrain de gloire et de joie / Une fois encore». Si vous en avez l’occasion, il faut aussi écouter sur scène les poèmes de l’autrice-compositrice-interprète Andrée Levesque Sioui.

Chauffer le dehors, de Marie-Andrée Gill
(La Peuplade)

POÉSIE — «L’amour c’est une forêt vierge / pis une coupe à blanc / dans la même phrase». Aux détours d’une rupture douloureuse, nous nous retrouvons dans le stationnement d’un magasin à grande surface de Saguenay. Pour engourdir ce qui fait mal, la narratrice fait défiler les vidéos peu édifiantes et surveille le message de l’être aimé qui n’apparaît jamais. Dans une prose poétique parfois narrative, le troisième recueil de la poète innue Marie-Andrée Gill nous aide à passer à travers la séparation.

«C’est le Québec qui est né dans mon pays!» — Carnet de rencontres, d’Ani Kuni à Kiuna, d’Emmanuelle Dufour
(Écosociété)

BANDE DESSINÉE — Dans la vingtaine, l’anthropologue et dessinatrice Emmanuelle Dufour a beaucoup voyagé; elle a visité de nombreux pays et s’est intéressée à d’autres cultures. Alors qu’elle se trouvait en Nouvelle-Zélande, des connaissances maories l’ont questionnée sur les Autochtones de son propre pays. Elle a alors pris conscience de son ignorance totale quant aux premiers peuples du Québec. Comment s’éduquer? Cette BD est le fruit de rencontres illustrées entre Autochtones et allochtones. Un dialogue.

Frétillant et agile, de Jocelyn Sioui
(Éditions Hannenorak)

CONTE — L’homme de théâtre Jocelyn Sioui nous raconte l’épopée d’un surprenant héros wendat: Auhaïtsic, deuxième du nom. Il est question d’un être petit, frétillant et agile comme une truite! Voilà un conte où tout est presque vrai, «si l’on en croit les écrits mystérieux du jésuite anonyme à l’auréole d’encre».

La Fabrique culturelle suggère…

Boiteur des bois, de Félix Perkins
(Perce-Neige)

POÉSIE — Recueil de la quête identitaire, Boiteur des bois s’inspire de la forêt et s’approprie la figure du coureur des bois pour en faire une figure de la connaissance de soi. Félix Perkins tisse, à partir de son héritage wendat, italien, espagnol et québécois, une œuvre décomplexée et audacieuse qui fleure par moments le surréalisme.

Les femmes Stranger, de Katherena Vermette
(Québec Amérique)

ROMAN — Katherena Vermette raconte, dans ce roman traduit par l’autrice Mélissa Verreault, l’histoire de quatre générations de la famille Stranger. Ces femmes naviguent dans le tumulte de la vie ordinaire, dépeignant de manière émouvante la réalité de tant de familles des premiers peuples au Canada. Même si les sujets abordés s’avèrent éprouvants, l’amour profond qu’ont ces femmes les unes pour les autres sauve tout.

Bienvenue, Alyson, de J. D. Kurtness
(Éditions Hannenorak)

NOUVELLE — Une femme disparaît à Alma et des champignons prennent le contrôle du monde: telle est la prémisse insolite de cette nouvelle de l’autrice ilnue J. D. Kurtness, qui est originaire du Saguenay. Dans ce texte court, l’utopie flirte habilement avec l’apocalypse, les cadavres embaument le citron frais et l’humour incisif de l’écrivaine teinte l’atmosphère d’une douce ironie.

Atiku utei: le cœur du caribou, de Rita Mestokosho
(Mémoire d’encrier)

POÉSIE — Cette ode à la liberté regroupe deux publications de l’autrice Rita Mestokosho, originaire de la communauté d’Ekuanitshit (Mingan), sur la Côte-Nord. Combinant l’innu-aimun et le français, Le cœur du caribou raconte la force du peuple innu et sa grande résilience. Ensuite, Un jour Madiba m’a dit rend hommage à Nelson Mandela dans une rencontre empreinte de liberté.

La série Nish, d’Isabelle Picard
(Les Malins)

JEUNESSE — S’adressant aux jeunes de 10 à 14 ans, cette série présente le quotidien de jumeaux autochtones qui vivent des aventures hors de l’ordinaire. Isabelle Picard, ethnologue wendat, animatrice, conférencière et chargée de cours, réussit à expliquer des pans de l’histoire des premiers peuples à travers les yeux de ces deux personnages. La série a remporté la cinquième édition d’Une ville, un livre en 2023.

Pilleurs de rêves, de Cherie Dimaline
(Boréal)

JEUNESSE — Dans un monde dystopique, les humains ont perdu la capacité de rêver. L’antidote de cette fatalité réside dans la moelle des Autochtones, qui se retrouvent traqués. L’œuvre de Cherie Dimaline s’inscrit dans une lignée de romans marquants et angoissants, qui font aussi réfléchir. Chasseurs d’étoiles, le dernier ouvrage de cette série destinée aux ados de 15 ans et plus, vient tout juste de paraître, dans une traduction de Madeleine Stratford.

L’or des mélèzes, de Carole Labarre
(Mémoire d’encrier)

ROMAN — Carole Labarre est originaire de la communauté innue de Pessamit et signe ici son premier livre, dans lequel Pishimuss, une aînée, retrace sa vie à travers les rencontres formatrices qui l’ont jalonnée. Voilà que nous parcourons une série de courts moments et d’instantanés lumineux qui côtoient les déchirements… Bref, la substance même de la vie.

Ninanimishken: je marche contre le vent, de Florent Vollant et Justin Kingsley (Flammarion)

BIOGRAPHIE — Florent Vollant fait appel à Justin Kingsley pour rédiger l’histoire de sa vie, et c’est à ce moment-là que débutent leurs longues marches au cours desquelles l’auteur-compositeur-interprète se livre, toujours en mouvement. Se révèle alors un témoignage puissant non seulement sur les pensionnats et sur les conséquences de la délocalisation forcée dans les réserves, mais aussi sur la musique et son pouvoir formidable.

Éveil à Kitchike: la saignée des possibles, de Louis-Karl Picard-Sioui
(Éditions Hannenorak)

ROMAN — Le récit, décliné en différentes nouvelles, s’ouvre sur des funérailles où le défunt est absent; déjà, le ton est donné. Louis-Karl Picard-Sioui, qui est aussi poète, explorait déjà le territoire de Kitchike, cette communauté autochtone hors du commun, dans son premier recueil de nouvelles. S’y reconnaissent sa plume vivante, ses mises en situation éclatées et son ton souvent touchant, parfois grinçant.

Nipinapunan, d’Alexis Vollant
(Éditions Hannenorak)

POÉSIE — Alexis Vollant, pianiste classique de 22 ans, publie son premier recueil de poésie et aborde avec bienveillance le départ des personnes issues des Premières Nations de leur communauté d’origine. Les poèmes portent la voix d’une jeune Innue à travers un été marqué par une réconciliation avec la nature, par l’amour et par un retour à ses origines.