La Fabrique Culturelle

Effervescence en Acadie

Une culture «pimpée», dynamique et actuelle

Depuis plusieurs années, nombreux sont les musiciens acadiens qui foulent énergiquement les scènes du Québec. À notre plus grand bonheur, on les découvre, on les écoute et on les aime pas mal, à part ça. Radio Radio et Lisa LeBlanc ont défoncé les portes à grands coups de pieds, prouvant à toute une génération que la culture acadienne s’exporte avec succès et que le chiac, loin d’être un obstacle, peut devenir un outil artistique. Mais ces artistes bien connus, qui se retrouvent régulièrement au sommet des affiches de festivals, ne sont que la pointe de l’iceberg. Il y a aussi tous ceux qu’on voit moins, mais qui méritent assurément notre attention. Des artistes inspirants qui se remettent en question, qui innovent et qui repoussent les limites de leur art.

L’Acadie, c’est bien des choses qu’on peinerait à résumer en quelques mots, mais c’est d’abord une nation et un territoire poétique aux frontières éclatées. C’est aussi une histoire complexe, marquée par les revers et la résilience, ainsi qu’une culture singulière, qui, trop souvent, passe sous le radar médiatique. Pour l’équipe de La Fab en Gaspésie, l’envie de traverser le pont pour aller voir ce qui se passe de l’autre bord de la baie des Chaleurs se faisait sentir depuis longtemps. Finalement, alors que la neige avait à peine fini de fondre, nous avons pris le chemin du Nouveau-Brunswick pour un séjour trop court.

Lors de cette première visite en terre acadienne, nous nous sommes principalement concentrés sur Moncton, une ville souvent considérée comme l’épicentre de la communauté artistique acadienne. Maisons d’édition, théâtres, compagnies de danse, centres culturels et festivals en tous genres animent cette ville, la rendant irrésistiblement attrayante. Nombreux sont ceux qui choisissent d’y vivre ou qui la visitent pour y découvrir une culture contemporaine d’une étonnante richesse, allant bien au-delà du rigodon… même si celui-ci aura toujours sa place, bien sûr!

Mouvement anti-Acadiens

En fondant sa propre maison d’édition, ce jeune auteur s’est donné la liberté nécessaire pour s’exprimer sans censure.

Pour cet étudiant en littérature comme pour beaucoup d’Acadiens, le mélange de l’anglais, du français et du chiac est tout à fait naturel. Force lui est tout de même de constater, encore plus à la suite de la publication du manifeste anti-Acadiens, où l’orthographe était volontairement ambiguë, que le débat sur la langue est complexe et continuellement présent. Chose certaine, son amour de la poésie et son écriture multilingue lui permettent d’explorer l’infinie richesse des mots.

Avec son premier livre publié à compte d’auteur, Fall from Graisse, il se positionne clairement en marge des jeunes auteurs acadiens grâce à une vision et un style distinctifs. Ce recueil est un petit bijou littéraire à laisser traîner au salon; il suscitera nécessairement d’intéressantes discussions.

Ces artistes acadiennes tombées dans les interstices

Neuf artistes acadiennes méconnues

L’histoire n’est qu’un mensonge

Originaire de Moncton, cet artiste en arts visuels aime bien la controverse; ça le stimule. Inspirées par un mélange de ses recherches et de son interprétation personnelle, les œuvres de Mario invitent à poser un autre regard sur l’histoire des Acadiens.

Il souhaite que son travail puisse susciter des discussions, afin de remettre en question une histoire qui dépeint trop souvent le portrait d’une population ayant subi le Grand Dérangement de façon soumise et pacifique. Cet intérêt pour l’histoire remonte à 2004, lors d’un séjour de création à Brouage, en France, une escale qui l’a amené à se questionner sur les premiers contacts entre les explorateurs et les peuples aborigènes d’Amérique du Nord. Cette réflexion a d’abord donné la série Histoires et, ensuite, les séries Bagarres et Harias. Depuis, l’identité acadienne est au cœur de sa démarche artistique.

En mai dernier, Mario a reçu une reconnaissance du milieu culturel néo-brunswickois, soit l’Éloize de l’artiste de l’année en arts visuels. Il travaille actuellement sur des tableaux qui évoquent le camp d’Espérance, un camp de réfugiés acadiens sur l’île Beaubears, dans la région de Miramichi.

 Non, ces murales ne sont pas des graffitis

Mettre du beau sur les murs, dynamiser Moncton avec l’art public et inciter les gens à marcher leur ville: c’est ce que souhaitaient faire Lisa Griffin et Matthew Williston, cofondateurs de ce festival. Proposant comme activité centrale la création d’une dizaine de murales par année, Inspire, c’est également de l’animation et des performances dans la rue, de la musique, des projections illusionnistes (communément appelées «mapping vidéo»), etc. Du bonbon pour les yeux, finalement!

À première vue, ça peut avoir l’air simple… on prend un artiste et un mur, et hop, le tour est joué!

En réalité, il s’agit là d’un exercice complexe, où le défi est de trouver la combinaison parfaite pour les trois ingrédients essentiels à la recette :

  • Un artiste muraliste disponible durant une semaine, puisque c’est la durée que requiert la création de l’œuvre.
  • Un mur en bon état… avec une façade propice à la peinture… inspirant pour l’artiste… sans oublier un gentil propriétaire de mur qui est emballé par l’idée et qui a compris que ce ne sont pas des graffitis!
  • De l’argent… Ben oui, ça en prend!

Une fois ce tour de force réussi, le propriétaire du mur sélectionné choisit cinq mots qu’il communique à l’artiste, et c’est le point de départ du projet; le début de l’inspiration!

Quatre festivals et des dizaines de murales derrière eux, le Festival Inspire a réussi son pari. On veut clairement traverser le centre-ville de Moncton pour voir ces œuvres réalisées par des artistes venus de partout dans le monde.

Pour le plaisir de vos yeux, en attendant votre prochain séjour à Moncton!

Bordallo ll – 2017. Crédits photo : Estelle Marcoux et Julien Leblanc
Senkoe – 2017. Crédit photo : Julien Leblanc
Wasp Elder – 2017. Crédits photo : Estelle Marcoux et Julien Leblanc
Jason Botkin – 2015. Crédit photo : Estelle Marcoux
Eelco – 2015. Crédit photo : Julien Leblanc
Etien – 2017. Crédit photo : Julien Leblanc
Kevin Ledo – 2015. Crédit photo : Estelle Marcoux
WD Wild Drawing – 2017. Crédit photo : Estelle Marcoux
Dan Kitchener – 2016. Crédit photo : Julien Leblanc

Bordallo ll – 2017. Crédits photo : Estelle Marcoux et Julien Leblanc
Senkoe – 2017. Crédit photo : Julien Leblanc
Wasp Elder – 2017. Crédits photo : Estelle Marcoux et Julien Leblanc
Jason Botkin – 2015. Crédit photo : Estelle Marcoux
Eelco – 2015. Crédit photo : Julien Leblanc
Etien – 2017. Crédit photo : Julien Leblanc
Kevin Ledo – 2015. Crédit photo : Estelle Marcoux
WD Wild Drawing – 2017. Crédit photo : Estelle Marcoux
Dan Kitchener – 2016. Crédit photo : Julien Leblanc

Jass-Sainte veut « queerer up » l’Acadie

En créant Jass-Sainte, l’artiste multidisciplinaire Xavier B. Gould avait un but très précis : « »queerer » up» l’Acadie. Mission accomplie: le monde est «hooked» sur Jass-Sainte.

Lorsque Xavier fouille dans les archives vidéo de la famille, il ne peut que constater que personnifier, faire rire et raconter des histoires remontent à sa petite enfance. Chemin prévisible, ou pas… Il a étudié en art dramatique à l’Université Mount Allison, à Sackville, pour ensuite choisir Moncton comme lieu de vie et d’exploration pour son personnage.

Une bonne dose de hasard a contribué à la naissance de Jass-Sainte Bourque. D’abord avec une voix et un ton qu’il expérimentait nonchalamment au téléphone avec sa sœur, ensuite avec une allure et des intérêts qui se sont construits peu à peu. C’était il y a trois ans. Depuis, Xavier trimbale Jass-Sainte sur les médias sociaux, en conférence dans les écoles, sur le plateau de l’émission Le réveil à la radio de Radio-Canada et dans les rues de Moncton, où on l’arrête pour faire des égoportraits. Tout le monde l’adore!

Jass-Sainte en «mode» exaspération, c’est aussi l’alter ego de Xavier. Une personne crue, dramatique, aux humeurs changeantes et sans filtre. C’est aussi — et surtout — une démarche qui permet à l’artiste de s’épanouir et de développer sa confiance en soi.

Les Hôtesses d’Hilaire pis leur Acadie

Vêtues de leurs plus beaux habits, Les Hôtesses d’Hilaire nous « groove » Mon Acadie, une chanson qui n’a pas encore été enregistrée en studio, alors profitez de cette primeur!

Cette formation déjantée, c’est Serge Brideau, Mico Roy, Michel VienneauLéandre Bourgeois  et Maxence Cormier. Le groupe, qui est originaire de Moncton, existe depuis huit ans et a trois albums de rock psychédélique à son actif. Parions que ces rockeurs acadiens qui déménagent et qui dérangent feront de plus en plus partie de notre paysage musical québécois, et ce, à notre plus grand bonheur. En mai dernier, ils ont lancé leur nouvel album, Viens avec moi, un opus de 19 pièces se voulant le prélude à un opéra rock qui devrait voir le jour à l’automne 2018.

Gyrophare sonore dans la baie des Chaleurs

Cet artiste multidisciplinaire, originaire de Charlo, au Nouveau-Brunswick, a développé un style de percussion unique fortement influencé par les rythmes du Moyen-Orient et la musique des Balkans. Rares sont les moments où il se dévoile ainsi pour partager sa passion.

C’est à Carleton-sur-Mer, de l’autre côté de sa baie des Chaleurs, qu’il installe sur une plage son artillerie musicale pour nous offrir une performance improvisée, mais calculée. Un aperçu de ce qu’il fait habituellement avec des pièces de plus d’une heure.


Remerciements: Rémi Béliveau, Galerie Triangle de l’Université de Moncton, Jean-Pierre Caissie de l’AAAPNB, Carol Doucet, Bar Le Coude de Moncton, Liz McGraw, Émission Le réveil – Radio-Canada Nouveau-Brunswick, The Tide & Boar Gastropub de Moncton, Duo Café de Moncton, Les Brasseurs du Petit-Sault d’Edmundston, Fabien Melanson, Musée acadien de l’Université de Moncton.


Crédits: Coordination: Télé-Québec Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine: Caroline Bujold, Janie Poirier; Réalisation: Estelle Marcoux; Caméra et montage: Julien Leblanc; Rédaction: Caroline Bujold