La Fabrique Culturelle

Henriette Valium, génie méconnu de la BD québécoise 

Patrick Henley, alias Henriette Valium, exprimait ses angoisses en dessinant compulsivement. À travers les décennies, il a accumulé un œuvre foisonnant, principalement dans les domaines des arts visuels et de la bande dessinée, mais aussi dans ceux de la vidéo et de la musique. 

Après une vie tumultueuse où il s'est réfugié dans le dessin, Valium a vécu ses dernières années dans la pauvreté, dans un garage qu'il a aménagé avec ingéniosité et soin, et avec une sérénité qui lui faisait défaut jusque-là.  

L’art est à la fois le radeau et la tempête. — Henriette Valium 

Le nom d'Henriette Valium est apparu pour la première fois dans la revue Iceberg au début des années 1980. Pour l'occasion, les bédéistes avaient décidé de se donner des pseudonymes de gars pour les filles et vice-versa. C'est Normand Hamel, alias Charlotte Béton, qui a déniché celui d'Henriette Valium pour Patrick Henley, un nom qui l'a suivi toute sa vie. 

Surnommé par ses pairs «le pape de la BD underground du Québec», Valium a influencé toute une génération de bédéistes qui a pu avancer dans son sillon, enhardie par son féroce désir d'indépendance et sa grande débrouillardise.  

Derrière les planches denses et anxiogènes de ses bandes dessinées aux dessins et aux récits délibérément choquants se trouve un discours acéré dans lequel il tend un miroir aux lecteurs et aux lectrices, leur montrant tout ce qu'il y a de détestable et d'hypocrite dans la société. Il a même tenté de réhabiliter (en vain) la croix gammée, symbole millénaire volé par les nazis; son œuvre en est tapissée. Son travail en bande dessinée et en arts visuels a été présenté en galerie et ses livres, publiés surtout à l'étranger, lui ont permis de se faire une place parmi les chefs de file de la bédé subversive dans le monde. 

Décédé subitement en 2021 à l'âge de 62 ans, Patrick Henley a pu compter sur sa dernière amoureuse, la photographe Silvia Gérome, pour documenter les dernières années de vie d’Henriette Valium. C'est à elle qu'on doit l'exposition Henriette Valium, sans ordonnance, présentée de novembre 2023 à janvier 2024 au Centre d'art Diane-Dufresne, à Repentigny (où Patrick Henley a d’ailleurs vécu une partie de son enfance), et dont elle était la commissaire. Silvia est aussi à l'origine du livre de photos amour (in)fini. Cette capsule permet donc de mettre également en lumière le travail colossal effectué par cette femme pour mettre en valeur Valium et son œuvre, qu'il a rigoureusement documenté toute sa vie durant. 

Crédits

Télé-Québec Mauricie | Centre-du-Québec | Lanaudière     
Réalisateur et rédacteur: Alain Chevarier 
Caméraman et monteur: Jean-Luc Daigle  
Techniciennes de production: Stéphanie Collins et Elisabeth Tittley
Coordonnateur régional: Patrick Douville   

MERCI 
Un total merci à Silvia Gérome, pour sa disponibilité, sa confiance et ses magnifiques photos. 
Merci à Marc Tessier (Moelle Graphik) et à Robert Poulin (Galerie Robert Poulin)
Merci au Centre d’art Diane-Dufresne pour la précieuse collaboration.