La Fabrique Culturelle

Mère de deux garçons et militante pour les droits des femmes, la Rimouskoise Catherine Arsenault s’intéresse aux féminicides depuis maintes années. Elle les recense, les documente et les dénonce par le truchement de sa pratique artistique qui combine photographie, couture et art floral. 

«Le drame [de l’École polytechnique de Montréal] m’a bouleversée. Quand j’y pense, j’ai encore les larmes aux yeux. Je pense que ç’a bouleversé beaucoup de gens aussi», souligne-t-elle, faisant ici allusion à la tuerie antiféministe qui a fait 14 victimes le 6 décembre 1989 à Montréal. «En 2020, il y a [aussi] beaucoup de féminicides au Québec», poursuit-elle.

Afin de donner une voix à celles qui l’ont perdue à tout jamais, cette diplômée en photographie et arts plastiques au cégep a créé quatre corpus d'œuvres poignantes pour son exposition Reminisci ou la mémoire volontaire.  

Par devoir de mémoire, elle a réalisé 14 tableaux photographiques de bouquets floraux — en hommage aux 14 victimes de la tragédie de Polytechnique —, sur lesquels elle a cousu des végétaux naturalisés issus de son propre jardin. «Je voulais faire le mimétisme, c’est-à-dire de ne pas savoir ce qui est photographié et ce qui est cousu», explique-t-elle en pensant à sa technique du trompe-l’œil. L'artiste a également regroupé 1000 photos (dont 499 visages de féminicides survenus dans le monde) dans une vidéo intitulée Lacrimosa. En guise de complément, elle a créé une courtepointe en papier sur laquelle elle a inscrit le nom des 499 victimes. Finalement, la Rimouskoise a composé une «phrase photographique» combinant des photos de fleurs, des objets usuels ou mnémoniques et les portraits des défuntes étudiantes de Polytechnique glissés dans un étui d’arme à feu. D’une image à une autre, elle a montré sa propre évolution psychologique au fil des ans, passant de la naïveté au bouleversement et du bouleversement à l’espoir.  

Fière des fruits de son labeur, Catherine Arsenault nous ouvre les portes de son atelier, installé dans sa demeure du Bas-Saint-Laurent. En résulte une rencontre aussi touchante que bienveillante. 

L'exposition Reminisci ou la mémoire volontaire est présentée jusqu’au 31 mars au Musée régional de Rimouski. 

https://www.catherinearsenault.ca/

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