La Fabrique Culturelle

Fasciné par la perspective qu’un restaurant puisse produire des plats avec des aliments 100 % locaux — à l’exception du sel, l'ingrédient qu'on trouve partout —, Manuel Bujold Richard a ajouté cette idée à la liste des choses qu’il souhaitait potentiellement réaliser un jour. Puis est arrivée la pandémie de COVID-19, et c’est dans ce contexte qu’il a fabriqué le premier sel de mer du Québec. Il l'a d’abord fait sur son balcon du Plateau-Mont-Royal, à Montréal, à partir de gallons d’eau puisés à bras sur la Côte-Nord. Il appelait alors ça du «sel de balcon», nous dit-il en riant.

Convaincu que d’excellents résultats étaient possibles, et désireux de retourner au plus près de la mer — lui qui est originaire de la Gaspésie —, il s’est installé aux Bergeronnes, près de Tadoussac. C’est un endroit reconnu pour la qualité de son eau, étant donné les trois grands courants qui s’y rencontrent: ceux du fleuve Saint-Laurent, du fjord du Saguenay et du Labrador. C’est ainsi qu’il a décroché le titre de premier maître saunier nordique!

Accompagné d’une équipe de plusieurs scientifiques, dont son directeur de la recherche, Pablo Argon, il s'est rendu compte que la technique la plus adaptée à la récolte du sel au Québec en est une qui se colle parfaitement à notre climat nordique. Récolter en hiver permet en effet au froid de geler l’eau et aux cristaux de sel de remonter à la surface. Un brevet unique est d’ailleurs demandé en ce sens.

L’artiste visuel maintenant devenu entrepreneur voit des rapprochements très clairs entre sa pratique artistique et la création d’une technique qui n’existait pas encore au Québec: dans les deux cas, il faut inventer quelque chose de nouveau. C’est l’élément qui le stimule, autant dans sa pratique artistique que dans ce projet d’économie locale nordique.

https://selsaintlaurent.com/

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