Hors piste: la culture insoumise
Dominic Lafontaine est un artiste multidisciplinaire de la communauté anicinabe Timiskaming First Nation, située dans la région du Témiscamingue, au nord-ouest du Québec et à la frontière de l’Ontario.
Passionné d’histoire de l’art, il aborde dans ses œuvres les notions d’authenticité et d’identité. Étant lui-même habité par des identités multiples, il pose un regard critique à propos de ce qui définit l’art autochtone et met en lumière certains clichés pouvant en venir à restreindre la créativité et le développement d’un style individuel. Les technologies numériques, dont l’intelligence artificielle, sont apparues presque naturellement comme des matériaux de prédilection pour Dominic alors que ces dernières sont liées à des sujets auxquels il est sensible; l’authenticité des œuvres, la nature de la création, les droits d’auteur et l’identité de l’artiste, entre autres exemples.
Avec l’exposition Morrifaux (présentée au VOART — Centre d’exposition de Val-d'Or à l’été 2023), il fait référence à l’artiste anicinabe Norval Morrisseau, considéré comme le grand-père de l’art autochtone contemporain en Amérique du Nord et l'instigateur du style Eastern Woodland, alors que cet artiste et son œuvre sont au cœur d’un des plus grands scandales de contrefaçon dans l’histoire de l’art au Canada. Les œuvres numériques exposées, créées à l’aide de l’intelligence artificielle, se veulent une sorte de clin d’œil un peu cynique au marché traditionnel des arts visuels dans lequel l’artiste, l’esthétisme et l’authenticité même de l’œuvre peuvent devenir presque accessoires. Il y présente d’ailleurs une œuvre encryptée — un type d’œuvre communément appelé en anglais «NFT», pour non-fungible token — qui illustre comment il est possible de mettre la technologie au service de l’artiste et de l’œuvre en en garantissant la traçabilité.
Inspiré par des artistes du mouvement pop art et par le dadaïsme — pensons ici à Marcel Duchamp —, Dominic interroge la nature de l’art. En reprenant à sa manière la technique des ready-mades de Duchamp, il remet en question les discours généralement admis autour de l’histoire de l’art, des styles et de l’acte même qui consiste à créer des œuvres. Alors que Duchamp déconstruisait les conventions dans une ère industrielle, Lafontaine le fait dans l’ère actuelle des technologies numériques.
À l’œuvre dans des résidences de création en Belgique, à Barcelone, à Rouyn-Noranda ou au centre d’artistes AXENÉO07, à Gatineau, et menant de multiples projets et expositions en Abitibi-Témiscamingue ainsi que des collaborations (notamment avec le Daphne, un centre d’art autochtone autogéré à Montréal), Dominic Lafontaine est partout!
Derrière son attitude pouvant sembler presque désinvolte se cache un humour qui ne manque pas de mordant lorsqu’il aborde des sujets délicats touchant des enjeux humains fondamentaux. Ses œuvres et ses thèmes sont résolument contemporains et toujours marqués par une certaine — voire spirituelle — quête de sens.
Crédits
Télé-Québec Abitibi-Témiscamingue
Caméraman, réalisateur et monteur: Éric St-Laurent
Opérateur de drone: Régis Massicotte
Coordonnatrice régionale: Karen Busque
Technicienne de production: Elisabeth Tittley
Conseillère à la scénarisation: Myriam Leblond
Designer graphique: Sébastien Thibault
Cheffe de contenu: Ariane Gratton-Jacob
Directrice de La Fabrique culturelle: Jeanne Dompierre
Œuvres
Dominic Lafontaine
Nathalie Cimino (fablablab)
Remerciements
Au VOART — Centre d’exposition de Val-d’Or.
Au Centre d’exposition d’Amos.
À Carmelle Adam.
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