La Fabrique Culturelle

Le CV d’Emile Beauchemin est impressionnant. Diplômé en 2015 du baccalauréat en théâtre de l’Université Laval, il a enchaîné par la suite les rôles de directeur artistique et général, metteur en scène, et concepteur visuel et d’éclairage. Il est aussi codirecteur artistique du Théâtre Astronaute, une compagnie de création de théâtre bilingue issue de Québec.

En 2016, alors qu’il était tout juste âgé de 25 ans, il a été victime d’un malaise cardiaque grave causé par un surmenage professionnel. Cet épisode lui a donné l’idée de la pièce H+, écrite en collaboration avec Maureen Roberge et Rosalie Cournoyer, et présentée pour la première fois à l'occasion du Carrefour international de théâtre, à Québec, en juin. 

Emile Beauchemin se questionne sur le mouvement transhumaniste et sur les motivations qui font de lui un bourreau de travail. Sur scène, il court un marathon. Littéralement. Les 21 premiers kilomètres sont parcourus avant le spectacle et l’autre moitié, pendant; un défi colossal qui a pris des mois de préparation physique en compagnie, notamment, d’un cardiologue et d’une physiothérapeute.  

Si on parle de notre rapport au temps qui est excessif, au fait qu’on n’en a pas, au fait qu’on pousse nos corps, nos vies toujours plus loin, il fallait que le processus reflète ça; il fallait qu’il soit tout autant extrême. De faire pour de vrai le marathon, ça permet de s’assurer que le processus de création est ancré dans quelque chose de juste et de réel. — Emile Beauchemin

La pièce, qualifiée d’«autoscience-fiction», reprend les codes de théâtre documentaire et de la performance; elle tient les spectatrices et les spectateurs en haleine, voire à bout de souffle par moments. Le son du tapis roulant (qu’Emile ne quitte quasiment jamais) devient hypnotisant. On en vient à se demander pourquoi il s’astreint à courir, pourquoi il continue de toujours travailler autant. Et lui aussi.

H+ s’avère une réflexion sur le temps; sur la mort; sur la façon dont on choisit de vivre sa vie et de passer son temps. Voilà une introspection on ne peut plus essentielle par les temps qui courent. 

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