La Fabrique Culturelle

Établie à Montréal depuis environ cinq ans, l’artiste, réalisatrice et photographe française Camille Ropert est une passionnée d’humains. Que ce soit dans des espaces de vie personnels ou en milieu aquatique, elle capte des images d’une beauté saisissante pour remettre en question notre rapport collectif au corps féminin.

Pour les besoins de son plus récent projet photographique, Limnées, elle a photographié sous les eaux d’un lac des Laurentides des personnes de toutes les diversités et morphologies avec une volonté claire: détourner les représentations romantiques des femmes, notamment celle des nymphes dans la peinture de la Renaissance, pour déconstruire la fragilité, l’infériorité et la séduction associées à la gent féminine. Elle a choisi le titre Limnées, en référence aux «limnades», des créatures vierges des eaux douces dans la mythologie grecque.

«Oui, je montre des corps nus, mais non, je ne les sexualise pas, explique-t-elle. Je n’avais pas envie de nourrir un fantasme masculin.»  

Amoureuse de la spontanéité, elle a invité ses sujets aux âges variés à se dénuder (partiellement ou intégralement) et à bouger librement, afin qu’elles se réapproprient leur corps et leur identité propre. L'artiste voulait briser la puissance du système patriarcal qui, selon elle, enferme les femmes dans un espace domestique.

«C’est parfois impossible de se défaire de certaines injonctions. Parfois, ça mène à une forme de malaise et de mal-être», précise-t-elle. L’ajout de colorant alimentaire rouge dans l’eau symbolisait, à ses yeux, la transformation ainsi que le contexte souvent violent de ces émancipations.

En parallèle à ses photographies sous-marines empreintes d’onirisme, elle a réalisé le court métrage Les pommes flottent et les perruques coulent, qui marie fiction, plans sous-marins et témoignages audio. En résulte une ode à la sororité et à la liberté qui coule littérairement de source.

https://www.camilleropert.com/limnes

---