Artiste humaniste
Martine Chartrand peint avec ses doigts, avec de l’huile et avec de la graisse à bicyclette, dans le noir total et la solitude extrême.
L’artiste québécoise d’origine haïtienne a commencé jeune… à dessiner des visages vieux. Elle s’est ensuite intéressée à la jeunesse ainsi qu’aux communautés noires et autochtones. Ses films d’animation célèbrent l’identité noire à travers l’imaginaire et l’histoire.
La phrase «Rends-nous beaux, rends-nous fiers» a habité Martine durant toute la conception d’Âme noire (2000). Dans ce film phare de 9 minutes, la réalisatrice a imaginé une grand-mère raconter à son petit-fils l’histoire de ses ancêtres: du début de la création, de l’esclavage à la libération; un voyage dans le temps sur une musique d’Oliver Jones et Lilison T. S. Cordeiro. La cinéaste d’animation a accompli un travail colossal dans la recherche et la création de milliers de peintures sur verre, qu’elle a animées les unes après les autres, sous la caméra.
Martine Chartrand peint, anime, efface puis recommence. Ses œuvres cinématographiques prennent plusieurs années à produire. Pour compléter son court métrage MacPherson (2012), d’une durée de 10 minutes, elle a travaillé pendant huit ans. Ce sont 14 000 peintures — presque toutes détruites — qui ont illustré l’amitié entre le célèbre poète québécois Félix Leclerc et le Jamaïcain Frank R. MacPherson, inspirateur de la chanson du même titre.
Lauréate du Prix René-Jodoin 2020, Martine Chartrand transmet son savoir-faire et sa mémoire de la culture noire par des conférences, des classes de maître et des ateliers. Pour cette artiste humaniste, l’art en solitaire doit être présenté en communauté.
https://www.cinematheque.qc.ca/frCrédits
Réalisation: Pierre-Luc Racine et Jérôme Scaglia
Montage: Pierre-Luc Racine
Caméra: Jérôme Scaglia
Coordination: Isabelle Longtin
Œuvres:
MacPherson, de Félix Leclerc © Griola musique, pour Les Éditions Raoul Breton
Extraits d’archives: Office national du film du Canada (ONF)