La Fabrique Culturelle

Pierre D’Amours nous attend au quai, accueillant et curieux. Il nous invite dans son canot, une prolongation de lui-même après 50 ans de navigation sur les rivières à saumon de la Gaspésie. On sent tout de suite qu’il n’est pas un adepte de la discussion futile (small talk, dirait-on couramment); il a rapidement envie de parler des vraies affaires.

Grand gaillard volubile et sûr de lui, Pierre s'interroge sur la mort, l’art et la nature humaine avec beaucoup d’humilité. Ce guide de pêche vit et assume ses paradoxes. Arpentant la nature sauvage depuis son enfance, et ayant ensuite travaillé comme biologiste pour finalement se consacrer au guidage de pêche pendant la saison estivale et à l’art l'hiver venu, Pierre se décrit comme un assoiffé. Il connaît la nature et les comportements animaux comme peu de Québécois. L'homme chérit la solitude de la nuit, de la forêt et des jours de tempête parce c’est là qu’il se rapproche du «sacré», mais il s’intéresse tout autant aux gens et à la nature humaine. C’est assurément pour ces raisons que les gens apprécient à ce point sa compagnie comme guide de pêche.

En 2016, Pierre D'Amours a publié L’œil du prédateur, un journal de bord qui étaie 40 ans de rencontres avec ses clients. Il voit cet ouvrage comme un legs, souhaitant qu’un jour, quelqu’un mette la main dessus et constate simplement à quel point la vie était bonne et le monde heureux en Gaspésie.

Pierre nous ramène au quai. Fier, généreux, il s’est raconté. On a vu quelques saumons au passage et il a semblé reconnaissant et impressionné, tel un gamin qui voit son premier saumon.

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