La Fabrique Culturelle

Sous le thème du rapprochement, le Symposium de sculpture de la ville de Sept-Îles était pour Johanne Roussy l’occasion de faire de sa sculpture monumentale une réminiscence historique de la résistance innue, sur le territoire traditionnel d'Uashat, et de rouvrir un dialogue nécessaire.

En recherche formelle, elle avait l’image d’un panache dressé qui lui revenait en tête. Ainsi, elle a questionné ses amis pour s’assurer de ne pas usurper un symbole qu'il n’appartient pas à un non-Autochtone de mettre en valeur; pour ne pas insulter les Premières Nations; et pour ne pas profaner le sacré du caribou, alors qu’elle vise au contraire à sculpter la réconciliation. Et le caribou ne revêt pas une importance fondamentale que pour les peuples autochtones de la couronne boréale: «Sans cette espèce, pas de connaissance du territoire, pas d’Innus, et encore moins de nous, les autres, venus pour extraire le fer», dira Johanne.

Durant les 10 jours du Symposium, épaulée par son amie et grande artisane Odette Rouillard, Johanne a soudé et modelé le fer vers cette évocation de Papakassik, le maître des caribous, dans la culture innue; L'esprit du lieu s’est alors érigée, quatre mètres de haut. L’artiste a pris soin d’éviter toute symbolique industrielle pour en rester du côté de la suggestion que lui permettent la ligne et le trait, comme si elle dessinait une sculpture à main levée, car elle remarque que pour les Innus, le fer et l’industrialisation symbolisent beaucoup de souffrance — ce qui est loin d’inviter à un rapprochement. Elle souhaite aussi que cette œuvre, désormais ancrée sur la Pointe d'Uashat, éveille la réflexion sur cet animal maintenant en danger d’extinction.

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