La Fabrique Culturelle

Le cinéma de Matthew Rankin

Revue Séquences

Matthew Rankin s’exprime par l’expérimental, ce qui peut désorienter certains puristes de l’image «propre», immaculée. Son cinéma, du fait de cette capsule, est justement utopique, parce que sorti tout droit de son imaginaire. Libre, nullement accessoire, mais plutôt pourvu d’une totale liberté. Et tout particulièrement au cinéma des premiers temps, de la pellicule, des erreurs que l’on commet volontairement pour prouver que rien n’est parfait. Il dit avec une certaine tristesse non voulue qu’au Québec, on dénigre le mélodrame. Il revendique le genre en question. Mais il s’agit fort probablement d’un mélodrame qui s’insère à la pellicule, donnant à chaque cadre, chaque parcelle du moment, un rapport entre le cinéma et l’œil complice du spectateur, et pas au mélodrame comme nous l’invoquons dans nos rapports quotidiens. Autre point: l’hybridité de son cinéma, comme d’un corps aussi virtuel que concret, où chaque viscère, chaque muscle, le cœur, chaque ingrédient qui le constitue participe à favoriser la respiration. Et puis, la notion d’utopie, les réalisées (son cinéma), les avortées (celles du monde et celles qu’il n’a pas pu achever). De la capsule visionnée, nous retenons cette frontalité subconsciente avec le matériau cinématographique des origines.

Séquences – La revue des cinémas pluriels souligne les 40 ans de la Société de développement des périodiques culturels québécois (SODEP) avec Le cinéma de Matthew Rankin, court sujet où l’artiste exprime sa vision des images en mouvement et son parcours inusité. En 2020, Séquences entamera sa 65e année de publication, faisant de ce magazine de cinéma francophone le plus ancien au Québec (et au Canada) et le troisième dans la francophonie, après les Cahiers du cinéma et Positif. La mission première, depuis 1955, n’a jamais changé. À Séquences, parfois dans des formules pédagogiques — et donc enrichissantes pour la jeunesse —, le cinéma n’est pas seulement un art, mais un instrument culturel de connaissance du monde et des rapports qu’il entretient avec l’individu.

https://www.revuesequences.org/

Crédits

Réalisation: Alain Chevarier

Prise de son et montage: Alexandre Leblanc

Merci à l'Office national du film (ONF) et Julie Roy pour les extraits du film Tesla: Lumière mondiale