La Fabrique Culturelle

Le système de justice ne laisse personne indifférent. Tous, autant que nous sommes, avons une opinion à son sujet. Mais force est d’admettre que ces points de vue reposent, la plupart du temps, davantage sur des impressions que sur des données solides. Justice, minisérie documentaire présentée sur les ondes de Télé-Québec et expérience interactive sur le web, a pour objectif de remettre en question nos préjugés envers ce système.

Selon Karine Dubois, présidente de Picbois productions et productrice de Justice, l’opinion publique sur notre système de justice que l’on voit relayée par les médias indique que nous devons, collectivement, avoir une réflexion à ce sujet.

Quand on entend aux nouvelles que pour aider les victimes, il faut punir davantage les détenus, et que pour enrayer la criminalité, il faut juger les jeunes comme des adultes… Nous, on a senti le besoin d’apporter un peu de perspective à tout ça.

Nos préjugés sont plus faciles à porter avec un regard froid et désincarné. C’est pourquoi le volet interactif de Justice prend la forme d’un web documentaire qui donne la chance aux internautes de rencontrer, de façon assez intime, une personne qui a vécu le système de justice de l’intérieur.

L’internaute qui explore le site web de Justice, explique Karine Dubois, se voit poser des questions qui sont formulées comme celles que l’on retrouve dans les médias : on te demande de réagir à chaud sur des sujets pour lesquels tu n’as pas nécessairement de données probantes pour te prononcer, mais pour lesquelles tu as une opinion parce que ça vient te chercher émotivement.

En fonction des réponses offertes, le web documentaire offre ensuite à l’internaute de rencontrer un individu qui a eu affaire avec la justice, du récidiviste de l’alcool au volant, à l’ex-héroïnomane qui a vécu la prison, en passant par l’agresseur sexuel qui vit aujourd’hui dans la rue. En tout, neuf profils sont proposés.

La forme du web documentaire a été soigneusement travaillée pour que les internautes participants aient vraiment l’impression d’être en face de leur interlocuteur. Chaque présentation vidéo est tournée de manière sobre, cadrée à la hauteur du visage, dans un décor dépouillé.

Au cours de la rencontre, après chaque réponse, différentes interrogations s’affichent à l’écran et l’internaute doit en choisir une s’il veut poursuivre la discussion. « Les questions sont très directes. Les gens n’auraient pas nécessairement osé les poser s’ils avaient été réellement en face des individus interrogés, indique Karine. Ces questions frontales donnent l’impression d’avoir accès à la vérité. »

L’expérience en ligne se conclut avec des contenus complémentaires qui prennent la forme d’infographies, de courtes capsules animées ou de références vers des sites gouvernementaux ou d’organismes.

Après cette expérience, le participant se sera peut-être décrispé sur ses idées préconçues du système, affirme Karine. C’est à ce moment-là qu’il se voit offrir de vraies informations qui, espérons-le, changera un peu sa façon de voir les choses.

http://numa.media/combattre-les-prejuges/

---