La Fabrique Culturelle

Cinq livres pour le Mois de la poésie

Le Mois de la poésie offre cette année encore une programmation exceptionnelle mettant en lumière des artistes de partout qui s’expriment par la poésie. Pour souligner la 14e édition de l’événement, l’équipe du Mois de la poésie vous invite à découvrir les recueils de cinq poètes d’ici.

Bouche à bouche de l’ordinaire, de David Fiore Laroche

La maison en feu, 2020

Par sa poésie-théâtre cinématographique, David Fiore Laroche entraîne le lectorat dans une soirée à la taverne on ne peut plus ordinaire où s’entrecroisent des destins en quête d’émancipation. Profonds, les personnages épatent par le regard juste et éclairé qu’ils portent sur leurs malheurs malgré les contradictions qui habitent leurs comportements. La narration est impeccable: mordante, drôle et autodérisoire. L’habileté de ce recueil tient au fait que l’auteur a mis énormément d’amour dans ses sujets au moment de l’écriture. Il peut ainsi présenter des destins platement tragiques de la vie en banlieue sans poser son narrateur comme une conscience supérieure. À lire absolument pour envisager la poésie dans ce qu’elle a de novateur à offrir. Pour les amateurs et amatrices d’amour, de désespoir, de cartomancie et de pierres guérisseuses.

Nature morte au couteau, d’Anne-Marie Desmeules

Le Quartanier, 2020

Iconoclaste, la poésie d’Anne-Marie Desmeules est un vertige de clairvoyance. Son troisième recueil, Nature morte au couteau, s’ouvre dans un univers d’anticipation où la fin de la civilisation industrielle comme on la connaît donne lieu à des abus innommables et à des retours de pouvoir. La forêt se présente alors comme le seul lieu possible pour la survie et les luttes à mener. Soutenue par une femme qui a tout de la figure de la sorcière, la narratrice travaille à sa survie en apprenant les bases du survivalisme. Le livre est incroyable par ce qu’il charrie d’odeurs et de textures réelles. Le savoir relatif à l’herboristerie épate; on se désole de la fin de ce recueil finement écrit où philosophie, musique et conte gonflent la charge de la quête.

Boiteur des bois, de Félix Perkins

Perce-Neige, 2020

Félix Perkins est l’une des grandes découvertes poétiques de l’année 2020 de l’équipe du Mois de la poésie de Québec. À tout juste 18 ans, il fait paraître un premier recueil solide, surprenant d’habileté et de précision. Les images qu’il crée sont constamment au seuil d’un renversement inattendu et la charge est puissante dans ce recueil d’apprentissage qui s’éloigne des lieux communs. Sa poésie volontaire, en mouvement, se penche entre autres — par son souffle qui contient un monde — sur la réadaptation culturelle d’une quatrième génération franco-autochtone-italo-québécoise. La poésie acadienne comme vous ne l’avez jamais lue.

D’une caresse patentée, de Louise Marois

Triptyque, 2020

C’est un chemin vers l’enfance. Une route entre Montréal et Bellechasse, aux abords de la Beauce. Ça regorge d’oiseaux, de douceurs dangereuses, d’amours et de désamours. Ce sont des arômes qui frappent au nez; un plongeon dans la noirceur du lac; le silence des poissons; la vie que l’on mange. L’usine fatigue, le caramel ne rencontre pas les promesses de félicité, mais la nature, toujours, sait mieux. Avec ce recueil tendre, Louise Marois tente de découvrir la portée du mot «appartenir» à travers une étude du père et de sa disparition. D’une caresse patentée présente une série de 13 dessins au graphite faits, pour la plupart, à partir de photomatons par l’artiste-poète. D’une beauté bouleversante.

Cœur yoyo, de Laura Doyle Péan

Mémoire d’encrier, 2020

À l’aube de la vie adulte et de ses contingences, la narratrice de Cœur yoyo tente d’apprivoiser, puis de traverser un deuil qu’elle se refuse. Entre amour et mort, le souffle est court, mais la lumière trouve son chemin. Avec ce premier recueil, Laura Doyle Péan, poète et activiste, propose une réflexion sur l’écriture et le temps qui passe avec le désir définitif de vouloir s’emparer de soi. Le recueil fait écho à d’autres poésies de l’effondrement, dont celles de Véronique Grenier, de Maude Veilleux et de Daria Colonna.