Une sélection offerte par la Maison de la littérature
Pour mieux comprendre les enjeux de racisme au Québec et au Canada, la Maison de la littérature propose des lectures qui invitent à la réflexion sur la situation des peuples autochtones et des communautés noires.
Écosociété
À la suite de la publication d’un texte controversé dans le Journal de Montréal, où une chroniqueuse avait décrit la culture autochtone comme «mortifère» et «antiscientifique», la poète innue Natasha Kanapé Fontaine et le romancier québéco-américain Deni Ellis Béchard ont entrepris un échange épistolaire sur le rapport entre Autochtones et Allochtones, sur la méconnaissance et les préjugés toujours présents au Québec ainsi que sur le racisme et l’oppression qui en découlent. Avec une grande humanité et beaucoup d’humilité, les deux proches mettent en lumière les violences (parfois très sournoises) que subissent les Autochtones ainsi que notre difficulté à être à l’écoute de l’autre et à établir un véritable dialogue. De façon ouverte et bienveillante, Kanapé Fontaine et Ellis Béchard discutent de leurs peurs, leurs blessures et leurs questionnements, tout en prenant soin de mettre de l’avant la beauté de la diversité et la richesse des échanges interculturels.
Éditions Somme toute
Qu’est-ce que le racisme systémique, et comment penser le racisme au Québec? Ce sont ces questions vastes et complexes qui sous-tendent les réflexions des auteurs et autrices de ce collectif, sous la direction d’Amel Zaazaa et de Christian Nadeau. Dans des formes et des approches diversifiées, des auteurs et autrices, intellectuels et intellectuelles, travailleurs et travailleuses communautaires, journalistes, militants et militantes livrent des témoignages personnels, proposent des analyses éclairantes et présentent des initiatives inspirantes mises sur pied par et pour les communautés racisées et autochtones (comme le projet Hoodstock et le mouvement Idle No More). Leurs textes ne manquent pas de rappeler que le parcours vers l’inclusion, la représentativité et l’égalité est aussi sinueux que semé d’embûches. À travers leurs trajectoires, leurs idées et leurs luttes, Stella Adjokê, Idil Issa, Marc-Édouard Joubert, Lucie Lamarche, Widia Larivière, Christian Nadeau, Cheikh Tidiane Ndiaye, Alexandra Pierre, Will Prosper, Rodney Saint-Éloi, Fabrice Vil, Webster et Amel Zaazaa témoignent de la pluralité de l’identité québécoise et défendent l’importance de l’éducation pour combattre l’ignorance.
Mémoire d’encrier
Avec cet ouvrage colossal, qui lui a valu le Prix des libraires 2019 dans la catégorie «essai», la militante, féministe et autrice Robyn Maynard remet en question les principes d’ouverture et d’inclusion prétendument bien ancrés au Canada, révélant du même coup les failles du multiculturalisme canadien. Comme point de départ à ses réflexions, l’essayiste fait la lumière sur la présence des populations noires au Canada et expose les traces indélébiles laissées par l’esclavage dans notre pays. Elle explique ensuite les différentes formes de violence étatique vécues par les communautés noires, comme le profilage racial, les violences policières, les incarcérations, la misogynoire — misogynie envers les femmes noires —, les enjeux liés à l’immigration, le racisme dans le système scolaire et bien d’autres. Cette analyse, renforcée par l’expérience de Maynard comme militante de longue date et comme intervenante de rue, démontre en outre la puissante résistance des communautés noires, elles qui se sont toujours battues pour défendre leurs droits et tenter d’assurer un avenir meilleur à leurs enfants.
Textes de Julie Veillet, coordonnatrice à la production