La Fabrique Culturelle

Sexe! Quand les artistes explorent (et brisent!) les tabous

Même si l’on vit dans une société dans laquelle on croit avoir brisé tous les tabous, force est de constater que parler sexualité demeure encore marginal, particulièrement chez nos artistes. Elles et ils ne sont pas des masses à proposer un art qui déstabilise et à remettre en question nos idées reçues sur le sexe, le genre et l’identité. Si ça vous branche, voici quelques noms qu’il faut retenir à tout prix.

Charlie Bourdeau

Photographe et illustratrice, Charlie Bourdeau pratique un art féministe et engagé qui, entre autres, contribue à démystifier la sexualité. Par exemple, dans une série d’illustrations réalisées au mois de mai dernier, la jeune femme brise le tabou de la masturbation et montre, sans gêne — et avec un brin d’irrévérence —, des jouets sexuels. L’idée? Passer le message qu’il n’y a rien de gênant à cela. Que c’est totalement normal.

Charlie Bourdeau
Image tirée du Instagram de Charlie Bourdeau @charliebourdeau

 

Charlie Bourdeau
Image tirée du Instagram de Charlie Bourdeau @charliebourdeau

 

Mélodie Perreault

Les illustrations de cette tatoueuse de Montréal sont «sexy» et libertines. Au moyen d’un trait de crayon fin et expressif, elle raconte de petites histoires de sexe, oui, mais surtout d’émancipation, de liberté et de confiance en soi. Il y a une puissance derrière chaque illustration du corps féminin, et on sent une volonté de faire un pied de nez (et parfois même carrément de dire f*ck you!) à la bien-pensance. C’est l’art d’une femme qui s’approprie sa sexualité, qui en est fière et qui la vit sans tabous. Sur son site (Sexy Stuff for Sexy People), on trouve t-shirts, oreillers, affiches, sacs et plus encore pour enjoliver sa maison ou son style et, ainsi, afficher ouvertement des images suggestives et belles à souhait.

Mélodie Perrault
Image tirée du Instagram de Mélodie Perrault @melodieperrault

 

Mélodie Perrault
Image tirée du Instagram de Mélodie Perrault @melodieperrault

 

Les carnets de l’underground

C’est sur Instagram, de façon totalement anonyme, que le créateur de ce projet artistique a trouvé le moyen de s’exprimer entièrement. Il faut dire que ses propositions sont très crues et explicites; comme le nom du compte l’indique, c’est, en quelque sorte, un journal intime de ses expériences sexuelles. Il décrit ses créations comme faisant partie d’un «projet littéraire de textes et d’illustrations [gaies et queer] qui explorent les scènes de l’underground». Direct, graphique, sans compromis: ce compte est franchement fascinant.

Les carnets de l'underground
Image tirée du Instagram des Carnets de l’underground @carnetunderground

 

Les carnets de l'underground
Image tirée du Instagram des Carnets de l’underground @carnetunderground

 

Donzelle

Impossible de parler de sexualité sans penser à Donzelle. La Montréalaise féministe propose, depuis plus d’une dizaine d’années, un rap engagé, sensuel et très «dans ta face». Sa musique aborde sans détour la sexualité féminine. Tant dans ses chansons que sur scène, elle nous offre l’image d’une femme émancipée, en contrôle, qui sait exactement ce qu’elle veut. Sur son plus récent album, Presse-jus, les références au sexe sont partout, de son titre à l’image de la pochette en passant par les paroles des chansons et les clips réalisés pour les accompagner. C’est excellent, effronté et singulièrement parfait.

Voyez notre virée sur la Plaza Saint-Hubert avec l’artiste:

 

Narcisse

Le projet musical de Marjorie Pedneault, Narcisse, est un vibrant amalgame entre pop, électro et synthwave dans lequel elle aborde des sujets comme l’amour, l’identité, le sexe et la jalousie. L’artiste non binaire (c’est-à-dire qui ne se dit ni homme ni femme) propose une vision queer de la musique et se permet de montrer ce qui est encore trop peu exposé au public. Par exemple, dans son clip J’aime — qui semble tout droit sorti d’un film de Xavier Dolan —, on voit deux femmes vivre une aventure d’un soir, images sensuelles et érotiques (faites avec goût et finesse) à l’appui. À l’écoute de ce premier microalbum sous ce nouveau nom (le projet musical s’appelait anciennement Nature Moderne), on comprend rapidement que Narcisse souhaite ouvrir les esprits, passer un message d’acceptation et sensibiliser les gens à l’importance de la représentativité de la diversité sexuelle et de genre.

 

Les folies passagères (Maude Bergeron) 

On vous a déjà parlé d’elle, et si on vous la suggère encore, c’est que son travail est aussi intéressant qu’essentiel. Grâce à ses illustrations — qu’elle relaie sur les médias sociaux —, elle sensibilise le public à des sujets d’importance comme le consentement, en plus de déconstruire la désinformation sur la sexualité en parlant par exemple du clitoris, ou encore en abordant les effets néfastes de la pornographie mainstream sur les personnes faisant partie de la diversité sexuelle et de genre. Elle fait tout cela en mettant de l’avant le travail effectué dans la pornographie féministe de même que celle s’adressant à la communauté LGBTQ+. Par son travail militant et engagé, elle réussit à mettre en lumière des thèmes encore trop peu abordés dans les médias populaires.

 

Les folies passagères
Image tirée du Instagram de Les folies passagères @lesfoliespassageres

 

Les folies passagères
Image tirée du Instagram de Les folies passagères @lesfoliespassageres

 

Dionoski

Amélie Dionoski explore le thème de l’érotisme par l’entremise de sa pratique des arts textiles. Sa collection Erotico, par exemple, regroupe des broderies assez explicites apposées sur des oreillers. Le contraste entre l’objet utilitaire plutôt intime et l’aspect exhibitionniste des personnages représentés crée un amalgame des plus intéressants. Ça fait rougir et sourire, et on ne peut s’empêcher de zieuter tous les détails de son art tout droit inspiré — comme elle le souligne sur son site — de la soft porn des années 70. C’est beau, réjouissant et totalement sexy.

 

Dionoski
Image tirée du Instagram de Dionoski @dionoski

 

Dionoski
Image tirée du Instagram de Dionoski @dionoski

 

Pony

Grâce entre autres à ses bananes-pénis et à ses smoked meats-vulve, Pony est devenue incontournable pour ses références «pop-sexu». Elle reprend avec brio des éléments de la culture populaire pour les remanier à sa façon — reconnaissable entre toutes — et y ajouter un soupçon d’irrévérence. Culottée, créative et véritable incarnation vivante de ce qui est «cool», Pony figure probablement parmi les artistes les plus accessibles pour l’aspect humoristique et ludique de son art. On ne s’en cachera pas: on l’aime!

Pony
Image tirée du Instagram de Pony @ponymtl

 

Pony
Image tirée du Instagram de Pony @ponymtl

Voyez notre rencontre en deux temps avec la créatrice:

 

Illustration de la une: Charlie Bourdeau