La Fabrique Culturelle

Art écolo: quand les artistes allient création et environnement

Surcyclage (ou upcycling), recyclage, récupération, «zéro déchet»… Voilà des termes qu’on voit de plus en plus apparaître dans le langage de tous les jours, étant donné que la santé de la planète est très préoccupante. Et cela touche aussi le domaine de la création! En effet, plusieurs artistes prennent conscience, entre autres, des problèmes de surconsommation, ce qui les amène à récupérer des objets et matériaux pour leur offrir une seconde vie. On les appelle les artistes récupérateurs et récupératrices. D’autres créent également avec ce qu’ils et elles trouvent en nature pleine, en plus de sensibiliser les gens à consommer plus intelligemment, plus écologiquement. Voici quelques projets et artistes qui proposent de nouvelles avenues pour un art sensible et engagé.

Surcyclage: une définition simple

L’expression serait née dans les années 90 et aurait été proposée par… un artiste! Eh oui. C’est Reiner Pilz, un ingénieur allemand reconverti en designer d’intérieur, qui a utilisé pour la première fois le terme upcycling, ensuite traduit par «surcyclage». L’expression a par la suite été reprise un peu partout. En résumé, on parle d’«une pratique de recyclage par laquelle le résultat obtenu est considéré de qualité, de valeur ou d’utilité supérieure. On recycle donc « vers le haut »» (source: Recyc-Québec). Ainsi, lorsqu’un ou une artiste réutilise un objet et/ou un matériau précis pour lui insuffler une seconde existence, on peut parler de surcyclage.

C’est ce qu’ont fait l’organisme Certex et le Centre de design de l’Université du Québec à Montréal avec leur projet Nyfil. L’idée? Récupérer des bas de nylon pour en faire… de la doublure de manteaux d’hiver. Une brillante idée pour récupérer des tonnes (oui, des tonnes!) de textiles qui sont jetés chaque année.

Recycler, récupérer, réutiliser et réinventer

Au-delà du surcyclage, ces préceptes simples — que l’on trouve dans le mouvement «zéro déchet» — permettent de trouver de nouvelles utilités à des objets qui, sinon, auraient certainement terminé leur vie sur le bord du chemin, en route vers le dépotoir. Pour plusieurs artistes, c’est là l’occasion idéale de fabriquer quelque chose de totalement nouveau.

Étienne Cyr, un artiste de Saint-Cyrille-de-Wendover, crée depuis toujours avec des objets délaissés qu’il recycle pour faire vivre d’étonnantes créatures. Pour lui, les rebuts sont des pièces pleines de potentiel qui lui permettent de construire un véritable bestiaire surréaliste et franchement impressionnant.

Créer écolo pour consommer intelligemment

Deux femmes créatives ont décidé d’utiliser des pratiques écologiques et responsables pour inciter les gens à acheter local et à connaître les productions agricoles d’ici. Laurence Deschamps-Léger, une jeune femme spécialiste du développement international et particulièrement intéressée par les questions agroalimentaires, a décidé de sensibiliser le public en utilisant ses talents d’illustratrice. Grâce à son projet Laucolo (pour «Laurence qui colorie»), elle fait connaître les produits à consommer selon les saisons ainsi que des informations pertinentes sur les façons d’encourager les producteurs et productrices du Québec. Elle a également fondé On sème, un organisme qui prône la consommation locale et propose des formations, dont une université d’été en agriculture urbaine.

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Du côté de chez Laurie Anne Perron, le déclic s’est fait lorsque cette fleuriste inspirante a réalisé, il y a quelques années, que l’offre en matière de produits floraux d’ici était restreinte. Pour la jeune femme, emprunter une approche écologique va de soi, surtout pour un produit qui, comme elle le souligne, est très éphémère. Elle a donc lancé l’Atelier fleur Laurie Anne, une entreprise «zéro déchet» qui respecte les productions saisonnières et qui met en valeur les fleurs cultivées à Contrecœur, dans un joli jardin qu’elle entretient avec sa maman. Depuis avril dernier, l’atelier s’appelle Jungle fleur; elle le pilote dorénavant avec sa collègue Sarah Quesnel-Langlois.

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Nous cultivons nos propres fleurs parce que c’est considérablement mieux pour l’environnement et pour nos âmes de jardinières. #fleurslocales #gardeners #freshflowers #freshblooms #gardening #inthegarden #localflowers #fleursduQuébec #bouquetsaisonnier #seasonalflowers

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S’inspirer de la nature

Rachel Monnier longe les berges de Percé pour découvrir ce que la mer a laissé sur son passage. Varech, algues, fleurs: à partir de ces éléments récupérés, elle crée l’histoire de Raoul et Simone, un récit amoureux axé sur un homme de la mer et une femme de la terre dont elle s’inspire pour reproduire ses arrangements floraux numériques sur du tissu, du verre et/ou du papier.

Trois artistes du Bas-Saint-Laurent, soit Marie Rousseau, Roseline Joseph et Marquise Leblanc, ont été invitées à réaliser une exposition conjointe à la Galerie d’art Léonard-Parent, à Rimouski, au printemps dernier, en vue de mettre en valeur la récupération. Grâce à de petits éléments glanés çà et là et à une sensibilité particulière à la mer — de par leur proximité avec cet environnement inspirant —, les trois femmes ont proposé une création collective de petites œuvres surréalistes qui expriment bien la poésie des objets trouvés.

Étudier les vieilles forêts boréales: voilà le pari que s’est donné le jeune chercheur en foresterie Maxence Martin. Alors que la mode est au shinrin-yoku — une méthode japonaise qui consiste à prendre des bains de forêt et à inhaler des phytocides secrétés par les arbres, entre autres, pour ressentir moins de stress —, l’idée de créer des symphonies boréales à partir des années de vie de ces grands piliers naturels tombe à point. Pour Maxence, expliquer la science en passant par l’art est une évidence et, grâce à ses compositions sonores, les arbres pourront être perçus comme initiateurs de musique. Une belle façon d’offrir un respect renouvelé pour ces immenses créateurs d’oxygène…

Des initiatives pour célébrer les artistes récupérateurs

Chaque année depuis sept ans, la ville de Belœil célèbre les artistes qui recyclent et réinventent en organisant l’événement Kaput! Festival des artistes récupérateurs. Une occasion de trouver toute sorte de créations — des bijoux et des meubles, par exemple —, mais aussi des sculptures, comme celles d’Étienne Cyr (voyez plus haut), qui sera présent à l’événement.

L’organisme Recyc-Québec propose également une vitrine des artisans récupérateurs, plateforme permettant de découvrir le travail de six artistes d’ici qui se démarquent par la qualité de leurs créations.