La Fabrique Culturelle

Mode: des designers d’ici qui défient les conventions

Loin des clichés et près des préoccupations sociales actuelles — qu’on parle de questions d’identité de genre, de nouvelles technologies ou encore d’économie —, ces designers se sont donné comme mission de redéfinir la mode et de faire éclater les conventions. Voici quelques noms à retenir parmi celles et ceux qui donnent un nouveau souffle à une industrie dans laquelle il faut faire preuve d’inventivité et d’originalité pour faire sa place.

Fumile Chapelier

Forte d’un amour commun pour la mode, mais surtout pour celui des chapeaux, cette entreprise fondée en 2017 coiffe maintenant les têtes de nombreuses personnalités publiques qui arborent ses créations uniques autant dans la rue que les soirs de gala. Née d’une envie de voir les gens porter à nouveau de beaux chapeaux, Fumile Chapelier, créée par Mélodie Lavergne et Alex Surprenant, propose des couvre-chefs originaux et stylés, reconnaissables au premier coup d’œil. C’est particulièrement le cas de ceux qui proviennent de la collection SCARS et qui arborent, comme son nom le dit, des «cicatrices» et des altérations volontaires dans le feutre, par exemple, ce qui crée le petit détail qui tue et qui fait toute la différence. On sent l’unicité des produits, et ce, autant dans les couleurs vibrantes (certains chapeaux sont comme délavés, ou ornés de taches de teinture stratégiquement disposées) que dans le travail des formes (on éclate complètement la matière de base — le feutre, par exemple — pour le plier, voire le casser et le déchirer).

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Rad Hourani

Depuis plusieurs années déjà, ce designer montréalais né en Jordanie se démarque par ses créations singulières et sans concessions. En effet, la ligne directrice de son travail est la même depuis ses tous débuts: créer des vêtements unisexes, c’est-à-dire casser la conformité aux genres masculin et féminin. L’idée derrière cela est de célébrer l’humain dans toute sa complexité et toutes ses nuances en proposant des vêtements non genrés. Ses créations, sobres et élégantes, sont donc conçues non pas en divisant les collections pour hommes et femmes, mais bien pour être portées à la base par les deux. Le résultat? Des vêtements aux couleurs souvent neutres (comme blanc et noir) de même que des coupes très géométriques, linéaires et d’un chic fou.

 

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Ying Gao

Professeure à l’École supérieure de mode de l’Université du Québec à Montréal, Ying Gao s’intéresse aux liens qui existent entre mode et technologies, et elle fabrique des vêtements au textile «intelligent». Ce que cela signifie? Elle crée des pièces qui réagissent à l’environnement. Par exemple, dans son projet de robes interactives intitulé Neutralité: Can’t and Won’t, les tissus répondent aux expressions faciales des gens qui regardent le vêtement et bougent selon celles-ci. Si la personne détourne le regard, tout s’arrête. Dans des mouvements subtils qui rappelleront un environnement sous-marin — comme un récif de corail dont chaque élément bouge en harmonie —, les textiles de Ying Gao ont un aspect flottant et éthéré qui provoque les sens. On a envie de toucher et d’observer de plus près cet étrange amalgame qui semble posséder sa vie propre. On retrouve les magnifiques créations de Ying Gao dans le tout aussi sublime film grec The Capsule, de la réalisatrice Athina Rachel Tsangari. À voir absolument.

 

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Markantoine

Derrière ce projet se trouve Markantoine Lynch-Boisvert, un gars de Shawinigan qui s’est lancé dans le domaine de la mode en 2015. Avec son style, qu’il qualifie de «gothique-exotique» (oui, oui!), le créateur propose des vêtements qui rappellent à la fois la mode grunge et gothique, tout en ayant un côté chic, mais aussi excentrique. Le jeune homme, dont certaines des créations sont présentées dans l’exposition Montréal Couture du Musée des beaux-arts de Montréal, a lancé au printemps dernier une nouvelle collection intitulée Broke AF (pour «as fuck»). Un nom évocateur qui a pour but de sensibiliser le public à la difficulté de vivre de son art comme designer au Québec et de mettre en lumière le manque de soutien financier pour la mode locale. Vous aimez ce qu’il fait? Encouragez-le!

 

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Fecal Matter

Oui, c’est bien cela: «matières fécales» est le nom véritable de ce duo improbable composé d’Hannah Rose Dalton et de Steven Raj Bhaskaran, un couple de créateurs comme vous en verrez peu. Dans un éclectique mélange oscillant entre esthétique gothique et transhumaniste (un mouvement qui s’intéresse à l’idée d’un «post-humain»; c’est-à-dire qui estime que le corps, entre autres, doit être modifié — par exemple avec la technologie — pour être plus performant), les deux artistes proposent, à l’aide de prothèses, de costumes, de vêtements excentriques, de lentilles cornéennes et d’accessoires divers, un nouveau genre humain. Ce dernier n’est ni féminin ni masculin; plutôt androgyne; voire carrément non humain et extraterrestre. L’une de leurs créations, les Skin Heels, figurent d’ailleurs dans la collection du Musée des beaux-arts de Montréal. Inclassable, le couple redéfinit la notion de mode en lui apportant un souffle assurément original, étrange et, il va sans dire, déstabilisant.

 

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Photo de la une: Michael Rodichev via Unsplash