La Fabrique Culturelle

Lectures #LaFab: cinq livres qui ébranlent

En collaboration avec la Maison de la littérature de Québec, #LaFab vous propose cinq titres à mettre absolument dans votre pile «à lire»!

Les suggestions de la Maison de la littérature de Québec


Du sang sur ses lèvres, d’Isabelle Gagnon

Héliotrope Noir

Ce polar court et intense arrive en coup de poing, allégé ici et là par un regard urbain et narquois, qui décape les clichés entourant les petits villages québécois, les chalets, les bars de danseuses, les chasseurs et les dépanneurs. Alix, Parisienne excessive en perte de repères, cherche Paul, son frère jumeau en cavale. Elle craint que le drame qui a bouleversé leur enfance ne resurgisse dans le trou perdu où il s’est réfugié: Pohénégamook. En moins d’une semaine, l’univers de ces deux personnes bascule; les engueulades dégénèrent; la vengeance s’abat. Un polar haletant et vif, aussi rapide qu’un face-à-face sur la 132. — Isabelle Moisan

L’orangeraie, de Larry Tremblay

Alto

Écrire sur la guerre alors qu’on ne l’a pas connue, c’est tout un défi pour un écrivain. Par sa prose sensible et une narration qui nous rappelle parfois la candeur des contes de notre enfance, Larry Tremblay réussit à parler d’un sujet aussi délicat que substantiel avec originalité. Un bel exemple de ce à quoi peut ressembler un roman humaniste contemporain. — Bobby A. Aubé

Les suggestions de #LaFab


 

Manuel de la vie sauvage, de Jean-Philippe Baril Guérard

Ta mère

On a affaire ici à un auteur qui semble avoir une certaine fascination pour les univers hautement compétitifs et les égos démesurés. Après Royal, dans lequel il jetait un éclairage peu flatteur sur une cohorte d’étudiants en droit, voilà qu’il s’intéresse à l’univers des entreprises en démarrage, qui, comme le titre le suggère, est soumis à la loi de la jungle. Le narrateur, Kevin Bédard — aussi antipathique et dénué d’empathie que l’était le protagoniste central de Royal —, ne recule devant rien pour obtenir gloire et richesse. La haine semble être son moteur d’action principal, et ça fonctionne plutôt bien pour lui… Dans ce Manuel, sorte de guide destiné à ses émules en quête de succès, on comprend vite que pour ce personnage, la recette de la gloire n’est pas exempte d’ingrédients empoisonnés. Tout en nous faisant souvent sourire grâce à son humour sous-jacent et à ses dialogues fort savoureux, Baril Guérard suscite la réflexion en posant une fois de plus un œil critique sur notre mode de vie et les valeurs de notre époque, le tout sans pour autant faire appel au prêchi-prêcha.

Querelle de Roberval, de Kevin Lambert

Héliotrope

En 2017, Kevin Lambert prenait d’assaut la scène littéraire avec Tu aimeras ce que tu as tué, un premier roman qui empruntait aux codes du réalisme magique et qui était campé dans un Chicoutimi fantasmé où la violence suintait de partout. Attendu avec impatience, le deuxième roman de cet auteur, Querelle de Roberval, n’a pas déçu depuis sa sortie. Comme le titre l’indique, Lambert délaisse ici le Saguenay pour braquer sa plume sans merci sur le Lac-Saint-Jean voisin, où les ouvriers d’une scierie sont en grève, voire en guerre avec le patronat. Parmi eux se trouve le beau Querelle, dont le magnétisme animal rend fou tous les garçons de la région, qui ne demandent qu’à s’offrir à lui. Sans complaisance, et faisant fi des tabous, Lambert enchevêtre — avec une cohérence qui force l’admiration — moult tableaux bien éclectiques, des scènes de sexe singulièrement explicites aux manifestations et réunions syndicales, en passant par des incursions dans le quotidien de ses nombreux protagonistes. Assurément, voilà une lecture qui choquera les plus prudes, tandis que ceux qui n’ont pas peur du sperme et du sang — et qui acceptent que la littérature doive parfois être violente, dérangeante et amorale — se délecteront de la plume jouissive de Lambert.

 

Tout savoir de Juliette, d’Erik Vigneault

Le Cheval d’août

Un psychanalyste fort érudit — et un brin suffisant — se rend à Barcelone, une ville où il a vécu dans le passé, pour y retrouver une certaine Juliette. C’est là la prémisse de base de cet étrange roman, mais cela ne dit au fond pas grand-chose sur ce qu’on y trouvera. Car si cette quête sert de trame de fond à l’œuvre, celle-ci est entièrement construite en digressions et en labyrinthes dans lesquels on s’égare avec plaisir, suivant la plume irréprochable de Vigneault dans les détours de l’imaginaire et de la connaissance. Et Juliette, dans tout ça? On finit par ne plus trop s’en soucier. Mais ce n’est pas bien grave, car lorsqu’on referme ce roman, il y a une chose que l’on sait : on a vraiment eu affaire à cette chose belle et plutôt rare qui s’appelle la littérature.