La Fabrique Culturelle

Les coups de cœur d’Evelyne de la Chenelière

25 ans du CALQ

Afin de souligner les 25 ans du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), La Fabrique culturelle a demandé à des artistes québécois de nous dévoiler quelques œuvres qui les ont marqués au cours du dernier quart de siècle.

Nous commençons cette série de cinq articles avec la comédienne et dramaturge Evelyne de la Chenelière. Elle nous propose ici cinq œuvres, minutieusement choisies, qui font partie de son paysage intérieur.

La mémoire des anges, de Luc Bourdon (2008)

Cinéma

Entre le documentaire et l’essai poétique, le film La mémoire des anges (2008) assemble des extraits d’archives tirés de 120 films de l’Office national du film du Canada et dresse le portrait de la ville de Montréal des années 50-60.

Marquée par la poésie qui surgit de manière inattendue du film de Luc Bourdon, Evelyne de la Chenelière admire cette poésie de l’assemblage, propre à la cinématographie et à l’écriture du réalisateur. Le film crée un tissage très personnel qui nous plonge dans la mémoire de la ville et de sa communauté. Un film à voir et à revoir, selon Evelyne de la Chenelière, pour renouveler le regard que l’on pose sur notre contemporanéité.

 Le Conseil des arts et des lettres du Québec a soutenu Luc Bourdon lorsqu’il a présenté le film La mémoire des anges à l’étranger en 2013.

Les enfants de Refus global, de Manon Barbeau (1998)

Cinéma

Dans Les enfants de Refus global, un documentaire sorti en 1998, Manon Barbeau rencontre les fils et les filles de Borduas, Mousseau et Riopelle. La cinéaste elle-même est la fille de deux des signataires de Refus global: Suzanne Meloche et Marcel Barbeau. Le documentaire aborde non seulement la douleur vécue par ces enfants abandonnés au nom de l’art, mais aussi cette soif insatiable d’exister artistiquement.

Evelyne de la Chenelière qualifie ce film d’exceptionnel. Le propos la rejoint particulièrement puisqu’il pose la question de la tension perpétuelle entre liberté et responsabilité. Question qui, selon Evelyne de la Chenelière, est exacerbée lorsqu’on est artiste. Comment cette responsabilité peut-elle lutter et cohabiter à la fois avec ce besoin de liberté, de solitude et de concentration nécessaire à la vie d’un créateur? Un film qui continue encore aujourd’hui d’habiter Evelyne de la Chenelière.

Manon Barbeau a été faite compagne de l’Ordre des arts et des lettres en 2018.

L’affadissement du merveilleux, de Catherine Gaudet (2018)

Danse

Avec son spectacle de danse contemporaine L’affadissement du merveilleux, la chorégraphe Catherine Gaudet s’intéresse à l’humanité dans tout ce qu’elle a de beau et de contradictoire.

Selon Evelyne de la Chenelière, Catherine Gaudet parvient à renouveler les codes de la danse contemporaine en s’inscrivant dans une démarche authentique qui bouleverse les formes. Dans L’affadissement du merveilleux, les cinq interprètes se donnent corps et âme pour nous rappeler le miracle de notre existence et mettre en relief la tension entre le merveilleux et l’ordinaire. Evelyne de la Chenelière considère que ce spectacle est une œuvre radicale, tant dans l’audace de ses choix que dans sa manière étonnante de s’imprégner en nous.

Le spectacle sera présenté du 28 au 31 mai 2019 à Montréal, à l’occasion du Festival TransAmériques (FTA): http://fta.ca/en/show/laffadissement-du-merveilleux/

Le Conseil des arts et des lettres du Québec soutient la compagnie Lorganisme, qui a produit L’affadissement du merveilleux.

Plus haut que les flammes, de Louise Dupré (2010)

Poésie

C’est après une visite aussi marquante que choquante aux camps d’Auschwitz et de Birkenau que la poète Louise Dupré a écrit son recueil Plus haut que les flammes.

Pour Evelyne de la Chenelière, la force de Louise Dupré réside dans l’amplitude de sa portée. L’auteure réussit, avec son écriture, à rejoindre d’une manière fulgurante une multitude de gens. La preuve? Evelyne de la Chenelière a offert le recueil Plus haut que les flammes à sa fille, à sa belle-mère ainsi qu’à plusieurs de ses amis, et tous ont été touchés par le recueil de Dupré. Une écriture puissante, tout en finesse et en subtilité, qui plonge le lecteur dans une réserve d’amour pour faire face aux horreurs de la vie.

Le Conseil des arts et des lettres du Québec a soutenu Louise Dupré à plusieurs reprises pour sa participation à des événements littéraires à l’international. 

Parce qu’il y a la nuit, de Carl Trahan (2017)

Arts visuels

L’exposition Parce qu’il y a la nuit, présentée au Musée national des beaux-arts du Québec, rassemblait une vingtaine d’œuvres de Carl Trahan. Que ce soit par l’écriture, le dessin ou les néons, cet artiste met les mots au cœur de sa démarche.

Evelyne de la Chenelière est fascinée par le travail de Carl Trahan, qui crée des formes basées non seulement sur des mots, mais aussi sur leurs glissements, leurs traductions et leur pouvoir. Par ses œuvres, Carl Trahan revisite l’histoire et réfléchit à l’utilisation des mots, notamment dans l’implantation de dictatures. Evelyne de la Chenelière a été particulièrement marquée par une série de dessins au graphite sur papier qui superpose infiniment les mots les plus terribles du national-socialisme.

Quelques-unes des œuvres de Carl Trahan sont exposées jusqu’au 1er mai 2019 au Musée d’art contemporain des Laurentides: https://www.maclau.ca/fr/programmation/les-evenements/das-gleitende-3/#|2280

Carl Trahan a été soutenu à plusieurs reprises par le Conseil des arts et des lettres du Québec pour la création de ses œuvres. 

À propos des 25 ans du CALQ 

Depuis 25 ans, le Conseil des arts et des lettres du Québec investit dans l’imaginaire et célèbre les succès de celles et ceux qui créent des œuvres artistiques et littéraires marquantes, forgent notre identité culturelle et la font rayonner ici comme à l’étranger! Pour en savoir plus: https://www.calq.gouv.qc.ca/a-propos/25-ans/celebrations/ 

 

Crédit photo: Julie Artacho