Cinq titres qui nous emmènent ailleurs, de Paris à Montmorency et… de la sortie d’un bar à la fin du monde! Rien de moins.
L’Oie de Cravan
Voici un délicieux recueil de poésie sur la grossesse et la maternité dont la lecture peut faire revivre de doux moments et faire sourire en repensant au passé. Grâce à cet ouvrage rempli de fines observations sur une période de grands chamboulements de la vie, la regrettée Geneviève Elverum (aussi connue sous le pseudonyme de Geneviève Castrée) nous parle avec son cœur. (Renée Roussel)
Éditions du Boréal
«Dessiner est une autre façon d’écrire. Soudain un chat apparaît. Puis une ville. Et c’est Paris.»
Véritable ode à la langue française et à la littérature universelle, Autoportrait de Paris avec chat fait découvrir la bibliothèque idéale de Dany Laferrière. Une fête livresque en compagnie de ses complices: les Borges, Prévert, Balzac, Césaire, Miller, Davertige, Mabanckou et tant d’autres. On y célèbre Paris et ses chats, Paris et ses écrivains, Paris et son vin, Paris et ses visages.
Éditions de l’Hexagone
Rêver de courir sur les berges
après les grandes marées
y découvrir son corps
adouci par la mer
du vieux bois de grève
qu’on rapporte des vacances
comme d’étranges visages.
Avec un tel titre, on ne peut faire autrement que se demander ce qui pourrait se passer dans nos vies alors que s’égrènent les minutes sur l’horloge, tout juste avant l’apocalypse. Dans ce recueil, il est beaucoup question de corps, de peau, de silence, de solitude, de noirceur. Il règne un sentiment d’inquiétante étrangeté qui n’est pas sans rappeler l’univers du livre Les enfants moroses, de Fannie Loiselle (Marchand de feuilles). Cette petite plaquette peuplée de gens désincarnés nous laisse une impression de suspension, d’entre-deux: cet avant et après d’une fin du monde annoncée. Un temps pour les bilans, à quelques minutes de la fin. Ou du début? Qui sait.
Québec Amérique
Darlène, c’est le projet musical et littéraire de Noémie D. Leclerc et Hubert Lenoir, un couple d’artistes de Québec. De cette ambitieuse idée de créer un «opéra postmoderne» est né à la fois un disque et un livre: deux oeuvres qui se font écho.
Qui est cette Darlène? Eh bien, c’est une jeune femme de Québec, prise dans la platitude d’un quartier à la mort annoncée: Montmorency. Lorsqu’elle gagne un séjour dans un hôtel du coin, elle fait, par hasard, la rencontre d’Ashton, un Américain suicidaire. À partir de ce moment, les deux ne se lâchent plus.
Avec un talent manifeste pour raconter la banalité du quotidien, Noémie D. Leclerc excelle également dans la construction des dialogues, qui sont souvent savoureux et qui dénotent une intelligence, un sens de la répartie et une observation aiguë de la nature humaine. Si Hubert Lenoir fait les manchettes avec un album dont la qualité est absolument indéniable, il ne faudrait surtout pas y noyer (et oublier!) l’œuvre de Noémie, qui prouve — hors de tout doute — qu’une jeune plume très talentueuse vient d’atterrir dans le monde littéraire québécois.
Éditions de l’écrou
Le monde est à pawner
choisir
entre les free drinks
ou la graine du barman
choisir
entre son corps
ou le corps du texte.
C’est cru, vulgaire, explicite, bourré de références à la culture populaire. Et intelligent. On embarque dans la poésie d’Emmanuelle Riendeau pour se faire brasser la cage et se décoincer. Si on craint les entorses à la langue française, on sera probablement déstabilisé, car on y trouve un savant mélange d’anglais et de français, offrant une langue renouvelée, colorée et multiple, qui traduit bien les réalités des nouvelles générations habituées aux emprunts ici et là. Totalement inscrit dans une époque où le remix est roi, ce recueil – qui évoque les nuits courtes et les lendemains de veille – s’offre à nous, un peu comme un shooter de fort pour débuter la soirée en force. Percutant, déroutant et légèrement provocant.
Quelles sont vos lectures québécoises récentes?