La Fabrique Culturelle

Lectures #LaFab: trois livres et deux magazines en mai

La Fabrique culturelle vous suggère chaque mois des auteur(e)s québécois(e)s à découvrir. Voici notre sélection de mai.

Les inquiétudes : L’année noire T. 1 – Jean-Simon Desrochers

Les Herbes rouges

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Un livre coup de massue. Un roman dur. Plus on avance dans ce bouquin, plus on a cette impression de sentir les personnages englués, comme ces oiseaux dans une marée noire. Ils avancent péniblement, pris dans un quotidien aliénant doublé d’une situation inhumaine: la disparition d’un enfant. C’est tout un quartier ouvrier de Montréal qui s’ouvre à nous, dans ses peines et ses misères, ses soupirs et ses tourments. Ce premier tome nous offre une vue en écorchée d’une métropole où l’on se sent abandonné, où tout est lourd et triste. Que l’auteur se dise hanté par ses personnages ne nous surprend pas du tout: on émerge de cette lecture complètement habité par ces tristes figures dont les existences nous semblent fragiles et friables. Y’a-t-il une porte de sortie pour ces âmes brisées? On en doute souvent… Un roman qui reste imprégné en nous longtemps.

Jeanne – Sophie Bouchard

Éditions À l’étage

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Au moment d’écrire ces lignes, c’est la Journée internationale de la lutte contre l’homophobie et la transphobie (17 mai). Et dans ce roman de Sophie Bouchard, le personnage principal, Jean, est une personne trans. Page après page, c’est l’émergence de Jeanne à laquelle on assiste, celle qui vit véritablement à l’intérieur d’un homme pourtant élevé «comme un vrai gars»; viril, marié, père de famille. À partir du moment où Jeanne prend place, la vie de Jean se défait rapidement: divorce, bataille juridique, perte de la garde des enfants, de sa maison, de ses biens, renié par sa famille et ses ami.e.s. La réalité à laquelle plusieurs personnes trans, font face. Un roman nécessaire pour faire connaître une vérité unique à ces personnes qui doivent vivre avec une des situations intime et psychologique des plus troublantes. À lire pour mieux comprendre, pour s’ouvrir et, surtout, soutenir.

Les Maisons – Fanny Britt

Le Cheval d’Août éditeur

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On a beaucoup parlé de ce roman de Fanny Britt, avec raison. Écrit finement, avec une justesse dans le propos, elle nous amène dans la tête de Tessa, une mère de trois enfants, en couple depuis plusieurs années devant qui le doute et la tentation se présentent sous la forme d’une ancienne flamme qui revient dans sa vie. Avec talent, l’auteure nous décrit tous les non-dits, tout ce qui nous tracasse et nous tiraille intérieurement quand de tels sentiments (re)font surface. Bien qu’il s’agisse d’un sujet qui touche pas mal de gens, Fanny Britt ne tombe pas du côté de la banalité, mais plutôt dans celle du senti, de l’intelligence émotionnelle qui nous rejoint, nous happe. En abordant un sujet vieux comme le monde, elle nous parle de ce que nous sommes comme être humain. Et ça fait du bien.

Lettres québécoises

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Tout nouveau, tout beau: le magazine Lettres québécoises – LQ pour les intimes – vient de paraître et s’est offert un relooking complet, tant au niveau du contenu, du contenant que de l’équipe éditoriale. C’est un joli objet que nous avons là, éloigné de son ancien aspect un peu rigide et très intellectuel, mais qui n’a pas pour autant abandonné la force des idées. On retrouve même un cahier critique de presque 30 pages, une rareté dans le milieu culturel. Un magazine à (re)découvrir.

À voir: Catherine Mavrikakis  en entrevue chez Les Libraires.

Esse Arts + Opinions – Spécial Féminismes

essefeminismes

Ce magazine, fondé en 1984, est l’une des voix les plus importantes et pertinentes en arts visuels au Québec et ailleurs. Forte de ses thèmes porteurs, de ses solides plumes et de l’éventail très large des pratiques artistiques abordées, elle poursuit depuis 33 ans (!), sa volonté d’approfondir sa compréhension de l’art et des artistes qui font la société d’aujourd’hui. Ce numéro en particulier – fort intéressant – se penche sur les féminismes et adresse des questions très actuelles à travers l’analyse du travail d’artistes d’ici comme Nadège Grebmeier-Forget, Julie Delporte, Gabrielle Lajoie-Bergeron, Manon Labrecque, entre autres. À lire.

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