La Fabrique Culturelle

Le festival Mois Multi: 25 ans de pertinence et d’audace

Matane, 1984. Huit jeunes artistes de diverses disciplines fondent Les Productions Recto-Verso, avec le désir d’offrir une place à la recherche et à la création multidisciplinaire. L’organisme se déplace ensuite à Québec en 1993 et donne vie, quelques années plus tard, au festival qui souffle aujourd’hui ses 25 bougies: le Mois Multi.

L’événement se veut un incontournable rendez-vous culturel hivernal qui ouvre les horizons du public. Spectacles interactifs, performances, installations, environnements immersifs, expositions d’œuvres singulières: le choix est vaste et la sélection, toujours éclectique.

Pour souligner ce vénérable quart de siècle, notre équipe a replongé dans les rencontres faites ces dernières années à l’occasion du festival. Ce retour dans le passé, en vidéos, permet également de démystifier au passage l’art numérique et les pratiques multidisciplinaires.

Attention: décollage imminent vers d’autres dimensions!

C’est ma conviction profonde que des événements tels que le Mois Multi sont bien plus que des rassemblements artistiques. Ce sont des occasions, des rites qui confèrent un sens à la communauté que nous avons forgée au fil des ans. — Emile Beauchemin, commissaire, Mois Multi

 

Recherche, création et vulgarisation

Dès ses débuts, le Mois Multi est devenu une vitrine destinée à présenter et démystifier différentes collaborations et productions.

Ce désir de créer des liens a amené en 2018 la cocréation d’un œuvre avec les élèves de l’école Marcelle-Mallet, à Lévis. Mickaël Lafontaine, artiste de la vidéo, du mappage et de la poésie numérique, ainsi que Laurent La Torpille, artiste de la musique électronique, de la conception d’environnements et de logiciels, ont créé avec ces jeunes artistes l’œuvre Écosystèmes numériques. En fin de compte, les élèves ont participé à une performance qui alliait réaction chimique (!), réaction sonore et codage informatique.

 

Expositions multisensorielles

Depuis toujours, le Mois Multi propose des expositions qui offrent des rencontres auxquelles le public ne s’attend pas. Chaque année, un parcours d’œuvres amène en effet le quidam dans diverses salles de la ville de Québec, occasionnant des découvertes en tous genres.

En 2019, la commissaire des installations, Jeanne Couture, a proposé aux artistes Mathieu Fecteau, Pascale LeBlanc Lavigne et Frédéric Lebrasseur de prendre possession des aires de circulation de la coopérative de producteurs et diffuseurs artistiques, culturels et communautaires Méduse. Les trois artistes atypiques ont alors créé l’exposition Infiltrations. Leur mission consistait à ébahir le public.


Jeune public, grandes découvertes

Au fil des années, le Mois Multi a grandi avec ses fidèles. En 2019, il a inauguré un volet «jeune public». C’est Laurence P. Lafaille, des Incomplètes — une compagnie qui explore les croisements entre arts vivants et arts visuels pour la petite enfance —, qui est devenue commissaire de ce volet. Les plus jeunes peuvent désormais compter sur des spectacles qui leur sont réservés et leur permettent d’ouvrir leur esprit aux créations multidisciplinaires.

La première découverte de La Fabrique culturelle cette année-là a été Les grands-mères mortes, de la compagnie Mammifères. Karine Sauvé, coauteure, scénographe et interprète, a alors présenté sur scène des rituels de toutes sortes permettant de mieux accueillir le deuil d’une personne proche. Puisant dans la joie des beaux souvenirs et la douceur de l’amour qui reste, elle s’est servie de petits objets, d’extraits sonores, de musique et de la scénographie pour inviter les enfants à apprivoiser leurs fantômes.

Puis, en 2021, le Mois Multi a offert à Fred Lebrasseur de créer pour les jeunes et moins jeunes, mais surtout pour les petits, une balade sonore. Aux abords de la rivière Saint-Charles, au cœur du quartier Saint-Roch, à Québec, tout le monde a été appelé à vivre l’expérience balado Marche dans mes sons, une invitation à voyager dans son imaginaire où le bout du monde peut aussi être chez soi.


Nuit blanche et performance

Les spectacles-performances font partie du Mois Multi depuis ses débuts. Par ce travail de maillage du théâtre et de diverses pratiques artistiques, une puissante connexion se crée entre les artistes et les gens du public, car l’art se crée sous leurs yeux, en temps réel, générant émotions et réflexions.

En 2020, le festival a placé dans sa programmation L.Y.C.R.A., du Théâtre de l’Impie. Il s’agissait d’une performance artistique féministe pendant laquelle les performeuses nous montraient, en l’espace de 12 heures, le quotidien des femmes, la nuit, qui travaillent, se dévouent pour leurs proches et sortent parfois par choix, souvent par obligation.


25 ans: la joie comme subversion

Divers thèmes ont été abordés au festival ces dernières années: la résistance et le ravissement, les grandes transformations, l’effondrement, la lutte, la construction, la destruction, la beauté et la laideur… Cette année, du 1er au 25 février, c’est celui de la joie que le Mois Multi a choisi.

… je considère la joie comme bien plus qu’une simple émotion fugace; elle devient, dans le contexte actuel, une idée subversive, une force de résilience face aux tumultes du monde. — Emile Beauchemin, commissaire, Mois Multi

Les activités se dérouleront dans 12 lieux différents, dont, pour la première fois, au Musée de la civilisation, à La Nef, au Cinéma Beaumont et à la Charpente des fauves. Un petit incontournable à ne pas manquer: la légendaire Soirée indomptée (9 février), avec notamment les performances de Christian Lapointe et de la formation de musique expérimentale Doodoodoo. Les jeunes familles auront l’occasion de découvrir Karl, un personnage fait en tangram animé au Théâtre jeunesse Les Gros Becs. On s’assurera par ailleurs d’aller voir l’installation sonore animée de Claudie Gagnon.

Peu importe sous quel étendard le festival navigue à travers les arts, le Mois Multi reste toujours une invitation à dessiner en dehors des lignes, à s’ouvrir à la découverte, à stimuler ses sens autrement, mais surtout à comprendre que l’imaginaire et la création n’ont pas de limites.

Découvrez la programmation du Mois Multi ICI.