La Fabrique Culturelle

Il suffit souvent d’ouvrir l’œil pour constater qu’on peut apprécier l’art un peu partout. Où consommer la culture? Quels sont les endroits qui accueillent ces spectacles qui nous subjuguent, ces expositions qui nous transportent ou ces films qui nous font réfléchir? Dans l’optique de répondre à cette question, l’équipe est entrée en contact avec des artistes de différentes régions. Cette série se poursuit donc avec l’auteure-compositrice-interprète Claudia Bouvette, native de Bromont et résidente de Montréal, qui nous parle de ses expériences dans quelques-uns de ses endroits favoris en Estrie.   

Propos recueillis par Noémie Lacoste

Musique en vue et Soif de musique
Cowansville

Événement de l’année dans la ville de Cowansville pendant plus de 20 ans, Musique en vue a accueilli sur scène des artistes de la trempe de Malajube, de Hedley ou encore d’Ariane Moffatt. L’année 2015 a été la dernière de l’événement. 

«C’était LA rencontre de l’été où tout le monde se déplaçait.  Je ne connaissais pas encore Montréal dans ce temps-là et il y avait moins de festivals à l’époque, donc ça a été important pour moi. C’était le moment de l’année où je pouvais voir des artistes en show qui venaient d’ailleurs. J’ai vraiment de gros souvenirs liés à Musique en vue.»

Le festival Soif de Musique a été fondé en 2019, soit quatre ans après la dernière édition de son grand frère, Musique en vue. Cette rencontre musicale du mois de juillet attire chaque année une dizaine de milliers de personnes.

«Cette année, j’y ai joué le jour de ma fête [le 5 juillet], et c’est hot parce que c’est sur le terrain de mon école secondaire. C’était aussi la journée où Sean Paul jouait au festival. Il y avait plein de degrés de profondeur dans la situation: j’écoutais beaucoup de Sean Paul quand j’étais au secondaire, j’étais sur le terrain de mon ancienne école où je n’étais jamais vraiment retournée… Là, je faisais un show devant plein de gens que je n’avais jamais recroisés depuis 12 ans. C’était un moment de full circle [“la boucle est bouclée”] vraiment le fun.» 

 

Palace de Granby
135, rue Principale, Granby

Quartier général du Festival international de la chanson de Granby, le Palace a été érigé il y a 50 ans et reçoit annuellement une centaine d’humoristes et d’artistes de la musique. 

«J’ai fait plein de spectacles là-bas. Je jouais du violon quand j’étais jeune, et on y jouait la revue musicale de l’école de musique. Maestro musique, que ça s’appelait! Bref, j’ai plein de beaux souvenirs liés au Palace.» 

 

Au pied de la montagne de Sutton

Montagne de ski en hiver et lieu de randonnée et de vélo l’été, le Mont Sutton se veut a priori une excellente référence estrienne pour pratiquer le plein air et l’activité physique. Néanmoins, des artistes s’y produisent régulièrement lors d’événements organisés par l’endroit.

«Quand j’étais au secondaire, disons en troisième secondaire, j’étais engagée pour faire des shows au pied de la montagne de Sutton. C’étaient de petites heures, je chantais des covers [reprises] et mon frère m’accompagnait à la guitare. On n’était même pas sur une scène, c’était par terre, et on était juste là pour faire de l’ambiance pour les randonneurs. C’était gros pour moi, à l’époque, comme je n’avais jamais rien fait encore. Ça m’a permis de me forger un petit caractère par rapport à la scène, je pense. Ça m’a donné de l’expérience et la conscience de “comment ça fonctionne?”, je dirais.» 

 

Beat & Betterave
41, rue Principale, Frelighsburg 

Ce café culturel porte plusieurs chapeaux, dont celui de nanobrasserie et d’endroit chouchou des fans de musique… et de bière! Les Beyries, Karkwa et Philippe Brach de ce monde qui s’y produisent savent enflammer ce petit bout des «Cantons», le tout dans une ambiance intime et chaleureuse. 

«Je n’y suis jamais allée encore. C’est un tout petit café, il y a de la musique et une bonne ambiance. On m’a dit que c’était super cool; il y a toujours de nouveaux artistes à découvrir là-bas. J’aimerais y jouer un jour!» 

 

En extra… 

Auberge festive Sea Shack
292, boulevard Perron Est, Sainte-Anne-des-Monts 

Le Sea Shack est une auberge qui est devenue, depuis 2004, un des arrêts incontournables des mélomanes en Gaspésie. Prisé par les jeunes adultes en vacances, l’endroit s’est donné la réputation d’être «tout ce que vous ne trouverez nulle part ailleurs». 

«Il y a deux ans, j’ai fait le tour de la Gaspésie en Westfalia avec mes meilleurs amis. On s’est arrêtés au Sea Shack. J’ai découvert là-bas le groupe Bon Enfant, et c’est tellement bon! Ils ont fait un show au Sea Shack et un autre le lendemain, dans une clairière. On avait tous nos boissons et on s’est rendus dans le grand champ, un peu cachés. Bref, on a vu Bon Enfant deux soirs d’affilée, au milieu de la nature. C’était fou!» 

 

Centre Bell
1909, avenue des Canadiens-de-Montréal, Montréal 

 Avec sa capacité d’environ 21 000 personnes, le Centre Bell accueille chaque année les grands noms internationaux de la musique, ainsi que des matchs de la Ligue nationale de hockey (LNH). Qu’on s’y rende pour voir Madonna ou les joueurs du Canadien de Montréal, la fébrilité est toujours palpable à cet endroit. 

«Le tout premier show que j’ai vu, j’y étais allée avec des amies et avec ma mère, parce que j’étais assez jeune. On est allées voir Simple Plan, et à cette époque-là, c’était mon plus grand rêve de les voir en spectacle. C’était mon groupe préféré de tous les temps. C’est d’ailleurs avec ce groupe-là que j’ai découvert que j’aimais les gars. Ça m’a fait vivre bien des émotions… On était peut-être dans le fond de la salle, mais c’était fou. Je me rappelle encore le feeling de “où est-ce que je suis?”. C’est gros, le Centre Bell, surtout quand tu es jeune et que tu n’as encore rien vu ou vécu!» 

 

Comment as-tu développé ta culture dans ta jeunesse? 

«Il y a beaucoup de mon père dans ma culture. Il joue de la “guit’”, et c’est beaucoup lui qui m’a présenté de nouveaux artistes, de nouveaux albums. Je me souviens, on faisait des road trips et il m’avait fait découvrir Genesis, puis tous ses bands [groupes] de jeunesse.» 

Photo: Ludovic Boquel