La Fabrique Culturelle

12 suggestions de lectures poétiques

Les suggestions littéraires de la Maison de la littérature

Depuis une dizaine d’années, l’attrait pour la poésie québécoise ne cesse de grandir. À l’occasion de la Journée mondiale de la poésie, La Fabrique culturelle et la Maison de la littérature vous proposent différents titres qui sauront plaire autant à ceux et celles dont le souhait est de découvrir ce genre qu’au public aguerri.  

Suggestions de la Maison de la littérature
par Alix Paré-Vallerand, poète et employée de la Maison de la littérature

Courbure de la terre, par Jonas Fortier
(L’Oie de Cravan)

Cette phrase sera dite en chuchotant: je nous imagine lire la poésie de Jonas Fortier passé minuit, dans une cage d’escalier. Avec Courbure de la terre — un vers tiré d’Henri Michaux —, le poète vivant à Berlin nous offre un recueil qui se déguste lentement. Chez Jonas Fortier, le vocabulaire est certes dépouillé, mais point simpliste, un peu comme chez Jacques Prévert. Il sera question du quotidien, du temps qui file, du corps dans la ville. D’autres poèmes se présentent comme des signaux de fumée adressés aux proches qui sont loin géographiquement. La poésie de Jonas Fortier n’obéit à aucune tendance contemporaine. À lire.  

J’ai appris ça au cirque, par Baron Marc-André Lévesque
(La courte échelle)

L’autrice de ces lignes porte la ferme conviction que la poésie peut résonner chez n’importe quelle tranche d’âge. Lire un poème vous donne de l’urticaire? La collection Poésie de La courte échelle — oui, oui, votre maison d’édition d’enfance — saura plaire à vos ados (ou à votre âme d’ado).  

Le narrateur de J’ai appris ça au cirque, un jeune homme au secondaire, s’ennuie parfois «dans la lune du tableau périodique». Le garçon rêveur recueille des parcelles de beauté après l’école chez sa «Mère-Grand artiste peintre» sous l’œil complice de Bob Ross. Soulignons la vibrante couleur bleu Klein de la typographie du recueil qui rend le tout irrésistible. 

Parlons de nuit, de fureur et de poésie: entretiens sur la lecture et la création littéraire, par Gérald Gaudet
(Nota bene)

Le poète et essayiste Gérald Gaudet s’est entretenu au fil des années avec plusieurs talentueuses figures de la littérature québécoise comme Benoit Jutras, Élise Turcotte ou Maude Veilleux. Cet ouvrage est susceptible de capter la curiosité de toute personne s’intéressant au processus créatif. Ce recueil ouvre des pistes de réflexion; des pépites comme cette citation de Martine Audet: «le poème en soi est un objet qui, avec la langue articule toutes nos mémoires, mais le poème comme élan, me fait respirer, continuer.» 

 

 La Fabrique culturelle suggère…

Autofixes, par Ariane Caron-Lacoste
(Del Busso)

Le premier recueil d’Ariane Caron-Lacoste, publié par Del Busso Éditeur, nous invite à visiter le quotidien tout comme le fantasme, dans une poésie fougueuse et inattendue. Les suites poétiques, parfois en vers, parfois en prose, transfigurent la naissance d’un poète qui écrit «par la seule force de mes mains / notre amour au nom fuyant». Il y a dans ce livre une foule de choses à découvrir, une multitude à vivre.  

Personne seulement, par Laure Morali (Mémoire d’encrier)

Ce recueil de Laure Morali, publié aux éditions Mémoire d’encrier, articule un dialogue entre le passé et le présent, entre la figure de la poète et Leonard Cohen, entre la forêt et la ville. Dans cette poésie épurée, les deux créateurs «si loin / l’un de l’autre / se rapprochent / par un seul couloir / le chant». Une ascension, une chute; ce mouvement dépeint de manière vivante au fil des poèmes.  

Trop de Pascale, par Pascale Bérubé (Triptyque)

Le corps et la féminité s’inscrit au centre du premier livre de Pascale Bérubé, dans une quête d’incarnation et de définition. Le souffle de cette prose poétique apparaît inépuisable, d’une force maîtrisée et juste. Une chose est sûre: il n’y aura jamais trop de Pascale.  

Trou noir, par Roxane Desjardins
(Les Herbes rouges)

Roxane Desjardins livre des cicatrices en guérison dans son recueil Trou noir, publiée dans la maison d’édition qu’elle dirige, Les Herbes rouges. Ce texte semble une mise à nue autant qu’une prise de parole vitale. La mise en scène est complète, le partage des visions aussi. «Ce livre s’est conclu / lorsque dehors le combat s’est levé ». Et que le lecteur, le souffle coupé, le referma, a-t-on envie d’ajouter. 

Nisso, la cité sur le Soleil, par Jonathan Charette
(Le Noroît)

Jonathan Charette revêt sa tenue d’astronaute Dior et nous invite à le suivre dans le paysage nucléaire de Nisso, la cité sur le Soleil. Le poète s’inspire du solarpunk, un sous-genre de la science-fiction qui offre une vision optimiste de l’avenir, avec l’audace qu’on lui connaît bien. Si le décollage peut vous sembler abrupt, n’ayez crainte puisque la vue en vaut le détour: «La lumière, la lumière ici, elle vole les crayons de l’incendie.»   

 Ce qui est tu, par Caroline Dawson
(Triptyque)

Caroline Dawson est entrée dans le paysage littéraire québécoise de manière fulgurante avec son roman Là où je me terre (Éditions du remue-ménage, 2020). Son premier recueil de poésie s’adresse à son fils; elle y raconte sa «petite enfance suspendue au chili / un cerf-volant intercepté les barbelés / des nouvelles nationales» et tente de concilier les images de son émergence avec celles des insectes qui peuplent la vie de son fils. Un recueil riche d’un héritage fier, et d’une sensibilité incomparable.     

Hochelagurls, par Audrey Hébert
(Éditions de Ta Mère)

Publié pour la première fois aux Éditions de l’Écrou et réédité en version revue et augmentée, ce recueil présente le quartier Hochelaga dans toute sa splendeur et nous montre toute la vie bigarrée qui l’habite. L’énigmatique Audrey Hébert est multiple et trace le portrait de Simone, «l’artiste totale», d’Éva, «23 ans toutes ses dents / une tumeur maligne au sein gauche» et de toutes celles qui peuplent le quartier autant dans l’ombre que dans la lumière. 

Ce qu’il est advenu de ma mort, par Vicky Bernard
(Éditions Conifère)

Ce qu’il est advenu de ma mort s’inscrit dans la lignée de la poésie ardente de Marie-Andrée Gill et raconte la finitude de l’amour, celle qui s’effrite lentement, puis tout à coup. Ce recueil décortique habilement les miasmes de la peine, mais parle aussi d’espoir, de lendemains: «si tu savais / ce qu’il faut de feu pour aller plus loin / que le bout d’hier».  

Un poème au milieu du bruit: lectures silencieuses, par Antoine Boisclair
(Le Noroît)

Les 18 courts essais de cet ouvrage nous invitent à sortir la poésie du tumulte; à vivre le texte en silence pour en percevoir toutes les variations. Un mouvement vers l’intérieur, donc, avec une attention particulière, sans cesse renouvelée. Antoine Boisclair se laisse porter par les poèmes qui l’habitent et en dévoile «leur profondeur composée de différentes strates de sens».