La Fabrique Culturelle

Matt Holubowski en 5 adresses culturelles

Sortir à Montréal

Il suffit souvent d’ouvrir l’œil pour constater qu’on peut apprécier l’art un peu partout. Où consommer la culture? Quels sont les endroits qui accueillent ces spectacles qui nous subjuguent, ces expositions qui nous transportent ou ces films qui nous font réfléchir? Dans l’optique de répondre à cette question, nous sommes entrés en contact avec des artistes de différentes régions. Cette série commence avec l’auteur-compositeur-interprète Matt Holubowski, Hudsonois d’origine et résident de Montréal, qui nous parle de ses expériences dans quelques-uns de ses endroits favoris de la métropole. On pourra se délecter de son quatrième album, Like Flowers on a Molten Lawn, dès le 24 mars prochain.

Noémie Lacoste

Le MTELUS
59, rue Sainte-Catherine Est

Anciennement nommée Métropolis, cette salle, dont la réputation n’est plus à faire, a accueilli plusieurs des grands noms de la musique, comme Prince ou encore Jean Leloup. Situé au cœur du centre-ville de la métropole québécoise, cet endroit que porte Matt dans son cœur a une capacité de 2300 personnes et propose une centaine de spectacles par année. 

«Le MTELUS, ça a été pour moi une salle où je vois mes artistes préférés depuis que je suis jeune. S’il y a un artiste que j’aime qui vient au Centre Bell par exemple, je vais y aller parce que je l’aime, mais je préfère l’expérience du MTELUS. Dans les dernières années, j’ai eu la grande chance de faire des spectacles là, et je l’aime autant dans ce contexte-là. J’aime les speakers [haut-parleurs], le son, et une partie de moi aime savoir que les loges sont un peu glauques, que plein d’artistes connus sont passés par là. […] 

Pour jouer, le MTELUS, c’est quand même spectaculaire, parce que ce sont 2000 personnes de capacité, et ça donne un sentiment d’exploit. Pourtant, quand tu es sur la scène, tu vois les visages individuels de chaque personne, alors tu peux préserver une certaine intimité avec les gens. […] 

Je me rappelle avoir compris le pouvoir d’une première partie là-bas. J’avais acheté des billets pour Sum 41, et le band qui ouvrait s’appelait No Warning; c’était un band assez hardcore, c’était un peu ce que j’écoutais à l’époque. Je me rappelle avoir vraiment “pogné quelque chose. C’était la première fois que je découvrais des artistes que je n’avais pas cherchés par moi-même. C’est un moment qui a été important pour moi, parce que j’ai compris que je pouvais vraiment découvrir de la musique de cette manière-là. Depuis ce temps, je me fais toujours un honneur d’arriver avant le show, pour voir la première partie.» 

 

Le Verre Bouteille
2112, avenue du Mont-Royal Est

Connu comme Le Verre Bouteille depuis 1996, ce petit bar à spectacle situé sur la vibrante avenue du Mont-Royal offre jusqu’à cinq représentations par semaine de nouveaux talents musicaux. Reconnu comme un établissement qui appuie la scène musicale québécoise, Le Verre bouteille fait vibrer le Plateau-Mont-Royal du lundi au dimanche. 

«Le Verre Bouteille, ça me donne un peu le sentiment que j’avais au Divan Orange [une petite salle de spectacle qui était réputée pour être un laboratoire musical et qui a fermé ses portes en 2018]. J’ai beaucoup d’amis qui font des projets ou des side projects [projets parallèles] là. Il y a toujours de la musique “accotée” et toujours quelque chose à découvrir. J’aime beaucoup l’ambiance, la grosseur de la salle; ce sont 100 places, et il y a très peu de salles comme ça.   

Dans mes premiers souvenirs de spectacles à Montréal, ce sont des shows que je donnais dans des petits bars. Je me rappelle avoir fait avec des amis une tournée des bars qui faisaient jouer des artistes pas connus. Le Verre Bouteille en fait partie.» 

 

Cabaret Lion d’Or
1676, rue Ontario Est

Cabaret intimiste, le Lion d’Or propose des spectacles variés presque tous les soirs. De l’ancien cabaret de quartier des années 30 à la petite salle éclectique de la rue Ontario d’aujourd’hui, il a conservé tout son charme. C’est pour son ambiance unique et pour les talents qu’on y découvre qu’on le fréquente. 

«On va faire notre lancement d’album au Lion d’Or, une salle qui est sous-exploitée, selon moi. Je n’y ai jamais joué encore, mais j’ai vu quelques shows là, et je me retrouve à être surpris, à me demander “pourquoi il n’y a pas plus de shows ici, pourquoi les gens ne viennent pas plus?”. C’est une salle d’environ 400 places, ce qui est quand même rare à Montréal.» 

 

Théâtre Corona
2490, rue Notre-Dame Ouest 

C’est dans le sud-ouest de Montréal que se trouve cette salle aux accents des années 1910. Le Théâtre Corona accueille chaque semaine des concerts de tout genre, que ce soit des spectacles pour le grand public ou encore des événements d’affaires.   

«Parmi mes shows préférés que j’ai faits, c’était au Théâtre Corona, en raison du décor dans lequel j’étais et l’intimité de la salle. J’aime le coin, tout cet environnement-là; c’est du côté anglo [de la ville], et j’ai une appartenance de ce côté. Il y a quelque chose dans le Théâtre Corona que je trouve vraiment débile; j’y ai vu autant de shows qui m’ont épaté que j’ai donné des shows là qui m’ont épaté. Avec le MTELUS, c’est une des salles où j’ai préféré jouer.» 

 

Musée d’art contemporain (MAC) de Montréal
Place Ville Marie – Niveau Galerie
Au coin des rues Mansfield et Cathcart

 

C’est au cœur du Quartier des spectacles qu’on trouve le Musée d’art contemporain de Montréal, ce «tableau vivant de l’époque actuelle» ouvert depuis 1964. On peut le reconnaître notamment par le panneau lumineux installé sur le toit du musée qui montre des lèvres féminines. 

«Partout où je vais dans le monde, je me fais un trip d’aller dans un musée d’art contemporain. J’y suis allé dans peut-être 30 villes différentes, et le nôtre, je l’aime beaucoup aussi. J’ai vraiment une affinité avec l’art contemporain pour la même raison que j’ai une affinité avec la musique instrumentale: ça me laisse beaucoup d’espace pour mon interprétation. Je joue avec la créativité de l’artiste sans nécessairement comprendre ce qu’il voulait proposer; j’en fais ma propre interprétation.» 

 

EN EXTRA…

(Feu) Le Divan Orange

Matt revient sur le Divan Orange, un café, bar et salle de spectacle du boulevard Saint-Laurent, à Montréal, qui a fermé ses portes en 2018. Le Divan Orange était reconnu pour son côté expérimental. Il avait aussi été nommé meilleure salle de spectacle de l’année entre 2008 et 2011. 

«Ma salle préférée, c’était le Divan Orange. J’aimais beaucoup cette salle et j’y allais pour y découvrir des artistes, souvent. Il y a beaucoup d’endroits que j’aime pour des raisons différentes; les salles s’approprient toutes des genres d’événements différents. Au Divan Orange, je pouvais me pointer pour prendre une bière et y découvrir quelque chose de cool. J’ai des amis qui y jouaient parfois, aussi.» 

 

Une salle que tu as aimée au Québec? 

«Le Cabaret de la Dernière Chance, à Rouyn. Il y a quelque chose de vraiment spécial à faire huit heures de route pour aller faire un show. Tu n’as pas besoin de dire aux gens que tu as fait de la route pour arriver ici, ils le savent. Il y a une appréciation pour ça, et l’énergie est débile.» 

 

Grande salle ou petite salle? 

«Ça dépend des circonstances; j’aime beaucoup faire un mélange. Dans les petites salles, souvent, la technique est plus difficile; des fois, ça ne “looke” pas… Mais quand les gens ont une proximité avec l’art de cette manière-là, il y a une écoute vraiment incroyable. C’est sûr que, des fois, les gens parlent et sont loud [bruyants], mais il y a quelque chose dans les petites salles qui est plus rocambolesque. J’aime beaucoup cette énergie, et ça me nourrit plus que n’importe quoi d’autre.» 

 

Photo de couverture: Véronique Audet-Gagnon