La Fabrique Culturelle

FCIAT | 35 ans de cinéma en Abitibi

Chaque automne, on attend le Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue avec fébrilité. Pendant une semaine à la fin octobre, c’est une grande fête du cinéma qui réunit à Rouyn-Noranda le public, des artisans du milieu cinématographique venus de partout et de nombreux médias. Bon an mal an, le festival propose près de cent cinquante films en provenance d’une trentaine de pays. Des courts, moyens et longs métrages, documentaires, films d’animation et de fiction, présentés dans des salles pleines depuis maintenant 35 ans. Retour sur un festival devenu une fierté régionale.

L’histoire du Festival : la réalité dépasse la fiction

« Flash-back » en 1982… Après avoir organisé pendant cinq ans la Semaine du cinéma régional et la Semaine du cinéma québécois en Abitibi-Témiscamingue, Jacques Matte  décide, avec Louis Dallaire et Guy Parent, d’implanter un festival de cinéma international à Rouyn-Noranda. C’est un défi de taille, qui en a fait sourire plusieurs. « Oui, on a fait rire de nous au début, confie Guy Parent. On était perçu comme des originaux, pas mal audacieux ». Et pour cause : au 1er festival,  le film d’ouverture présenté en première nord-américaine, est Fitzcarraldo,  un film allemand de Werner Herzog, avec Claudia Cardinale et Klaus Kinski. Pas mal pour des débutants! À partir de ce moment, les médias du Québec et d’ailleurs se tournent vers Rouyn-Noranda et sont curieux de connaître cet événement qui réussit à les surprendre.

1987 : le réalisateur français Claude Lelouch et l’actrice Marie-Sophie L. sont au Théâtre du cuivre à Rouyn-Noranda pour la présentation du film Attention bandits! Crédit photo : BAnQ Rouyn-Noranda
1987 : le réalisateur français Claude Lelouch et sa femme l’actrice Marie-Sophie L. sont au Théâtre du cuivre à Rouyn-Noranda pour la présentation du film Attention bandits! Crédit photo : BAnQ Rouyn-Noranda
Jean-Claude Lauzon en 1987 Crédit photo : BAnQ Abitibi-Témiscamingue
Jean-Claude Lauzon en 1987 Crédit photo : BAnQ Abitibi-Témiscamingue

Au fil des années, de grands noms du cinéma international atterriront en sol abitibien : Claude Lelouch, Serge Gainsbourg, Marie Trintignant, Pierre Richard, pour ne nommer que ceux-là. En fait, depuis 1982, plus de 5 000 invités nationaux et internationaux (réalisateurs, interprètes, producteurs, distributeurs, journalistes, etc.) en provenance des cinq continents ont assisté au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue. Plusieurs réalisateurs québécois comme Denys Arcand, Jean-Claude Lauzon, Gilles Carle, Pierre Falardeau et Robert Morin sont devenus des amis du festival. Et les médias ne sont pas en reste, toujours très présents et faisant de Rouyn-Noranda un rendez-vous culturel incontournable à chaque automne. Reconnu tant par la presse que par les artisans du cinéma, le Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue est devenu un modèle dans le milieu culturel régional.

Des archives vidéos à revoir

On plonge en 1986. Le FCIAT a cinq ans et l’émission Le Magazine de Radio-Québec s’intéresse à ce sympathique festival qui a su se démarquer dès le début.

Dans cette émission de la série Attendez que je vous raconte, présentée à Télé-Québec en 2000, Jacques Matte fait revivre l’histoire du festival et nous confie des anecdotes savoureuses.

Un festival précurseur

Dès le départ, le FCIAT se démarque et insuffle un vent de dynamisme à la région de l’Abitibi-Témiscamingue, prouvant qu’il est possible de mettre en place de grands événements culturels même si l’on vit loin des grands centres urbains comme Montréal, Toronto ou Vancouver. Le Festival se démarque en matière d’accueil. « On a compris qu’on devait être exemplaire afin d’attirer les gens ici » nous dit Guy Parent. Une équipe de bénévoles dévoués et passionnés accueille les invités dès leur arrivée. Le festival est vite reconnu comme un événement particulièrement chaleureux. « En ce sens, on a montré le chemin à plusieurs autres festivals » ajoute-t-il.

Guillaume Lemay-Thivierge visite une mine lors de son passage au FCIAT en 1985 pour la présentation du film Le Matou. Crédit photo : BAnQ Rouyn-Noranda
Guillaume Lemay-Thivierge visite une mine lors de son passage au FCIAT en 1985 pour la présentation du film Le Matou. Crédit photo : BAnQ Rouyn-Noranda

Le Festival innove aussi en ajoutant des courts métrages à sa programmation, ce qui se faisait peu à l’époque. Cette volonté d’offrir un tremplin à de nombreux jeunes réalisateurs a toujours été présente et a été renforcée depuis quelques années avec l’arrivée de l’Espace court, un volet complet dédié à la relève en cinéma.

À partir de 1990, les organisateurs du festival proposent le Volet jeunesse. Les activités sont destinées à la clientèle scolaire de niveau primaire à universitaire et visent à stimuler l’intérêt des jeunes pour la culture cinématographique et éveiller leur sens critique. Des centaines de jeunes participent ainsi au FCIAT depuis maintenant 26 ans.

Les trois affiches préférées de Louis Dallaire

Le cofondateur du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue aurait pu en choisir plus, mais les affiches suivantes sont parmi celles qui l’ont marqué.

Affiche 1987
1987 : Le lion et les projecteurs. De la graphiste Marthe Julien, sans doute un désir de se déclarer comme un événement établi et presque déjà un classique dans l’agenda culturel automnal. Cette affiche sera reprise pour un festival européen au cours de 1988.
Affiche 2007
2007 : Patrick Gauvin, professeur en multimédia à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT) entame avec l’équipe du festival une démarche complexe et très recherchée. Nous découvrons alors sa métaphore entre le mineur et le projectionniste. Elle a été réalisée à l’aide de la peinture numérique et le procédé 3D.
Affiche 2010
2010 : La graphiste Staifany Gonthier réinvente le personnage de l’orignal déjà très utilisé mais en le modernisant. Cette année-là, les autochtones présents lors de la projection du film « Le peuple invisible » nous ont dits avoir beaucoup apprécié cette affiche. L’illustration revisitée depuis deviendra par la suite le logo et la signature du Festival du cinéma.

Le FCIAT, un moteur de développement régional

L’émission Méchant contraste de Télé-Québec, animée par Mathieu Dugal, a été enregistrée au Théâtre du cuivre pendant le 25e FCIAT, en 2006. On y avait discuté de culture comme moteur de développement avec les invités : Guy Lemire, alors secrétaire général à l’UQAT, Martin Guérin, cinéaste et professeur de cinéma au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, Louis Bélanger, réalisateur et Anne-France Thibault, présidente de la Chambre de commerce et d’industrie de Rouyn-Noranda.

Un 35e qui promet!

Pour célébrer son 35e anniversaire en 2016,  le Festival propose 37 premières  dont 12 mondiales,  comme Stanley Volant – De Compostelle à Kuujjuaq de Simon C. Vaillancourt (Canada) et sept premières nord-américaines, notamment le très attendu Pacte des anges de Richard Angers (Canada). Une première canadienne aura lieu à la soirée de clôture du 3 novembre : Folles de joie de Paolo Virzi (France/Italie). Une sélection de films  très diversifiée, provenant de 17 pays,  sera donc présentée aux cinéphiles durant huit jours, incluant l’Espace court qui débute le 27 octobre.

Photo André Melançon 1986
La 35e édition du FCIAT est dédiée à André Melançon, originaire de Rouyn-Noranda et un fidèle du Festival, décédé en août 2016. En 1985, avec les jeunes acteurs Mahée Paiement et Harry Marciano, André Melançon présentait son film Bach et Bottine à Rouyn-Noranda. On le voit ici en entrevue avec la journaliste Minou Pétrowski. Crédit photo : BAnQ Rouyn-Noranda.

Toute la programmation et la liste des activités sont disponibles ici :   http://www.festivalcinema.ca/fr/. Bon 35e FCIAT!

© Louis Jalbert 2016
Guy Parent, Jacques Matte et Louis Dallaire, les trois fondateurs du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue. Crédit photo : FCIAT © Louis Jalbert 2016

« Le festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue est à l’image du premier film qui y fut présenté en grande première : Fitzcarraldo du réalisateur Werner Herzog. Le personnage principal déménage d’une rivière à une autre, au travers des montagnes et de la jungle amazonienne, un immense bateau-vapeur afin d’y tenir un unique spectacle du grand chanteur d’opéra, Caruso. Présentation prémonitoire? Je ne sais pas, mais toujours est-il que depuis 35 ans, l’équipe du festival déploie des efforts titanesques pour nous faire vivre l’émotion vibrante du cinéma mondial dans une région, dans un lieu improbable. À chacun son bateau, le nôtre s’appelle Abitibi-Témiscamingue et il ne manque pas maintenant de cinéastes volontaires pour joindre son bord. » Michel Desfossés, communicateur et ami du FCIAT.

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Dossier préparé par Josée Lacoste et l’équipe de Télé-Québec en Abitibi-Témiscamingue.

Remerciements :

BAnQ Rouyn-Noranda : Sébastien Tessier

Michel Desfossés, communicateur, Rouyn-Noranda

Jacques Matte, Louis Dallaire et Guy Parent et l’équipe du FCIAT.