La Fabrique Culturelle

Teresa Margolles : sublimer l’horreur

L’oeuvre entière de l’artiste mexicaine Teresa Margolles en est une troublante, touchante, dérangeante, exigeante. Mais surtout, nécessaire. Jusqu’au 14 mai 2017, le Musée d’art contemporain de Montréal présente des oeuvres récentes de cette artiste majeure à travers l’exposition Mundos. Bouleversant voyage au cœur de la violence humaine

En compagnie du directeur du Musée John Zeppetelli et ses invitées Kim Thuy, Gabrielle Bouchard du Centre de lutte contre l’oppression des genres, ainsi que Viviane Michel, présidente de Femmes autochtones du Québec, découvrez quatre œuvres de l’artiste mexicaine.

Teresa Margolles, Mundos [Mondes], 2016 Installation, enseigne au néon provenant d’un ancien bar à Ciudad Juárez, Mexique, haut-parleur 87,5 x 522 x 20,5 cm Photo : Avec l’aimable permission de l’artiste et de la Galerie Peter Kilchmann, Zurich

Pista de Baile

Teresa Margolles, Pista de baile del “Nightclub Irma’s” [Piste de danse du « Nightclub Irma’s »], 2016 Impression couleur sur papier de cotton Travailleuse du sexe transgenre debout sur les ruines de la piste de danse d’une boîte de nuit démolie à Ciudad Juárez, Mexique 125 x 185 cm (encadrée) Avec l’aimable permission de l’artiste et de la Galerie Peter Kilchmann, Zurich

Cette série photographique s’intéresse aux vestiges d’anciennes boîtes de nuit où plusieurs travailleuses du sexe transgenres avaient leurs quartiers. La démolition de ces endroits, rares lieux sécuritaires pour ces femmes portraiturées par Teresa Margolles, a-t-elle contribué à les mettre en danger? La question se pose, surtout lorsque l’on sait que deux d’entre elles ont été assassinées depuis. Gabrielle Bouchard, du Centre de lutte contre l’oppression des genres, en discute.

Pesquisas

Teresa Margolles, Pesquisas [Enquêtes], 2016 Installation murale, 30 tirages couleur de photographies d’affiches de femmes disparues à Ciudad Juarez, Mexique, des années 90 à aujourd’hui 303 x 705 cm (approx. pour l’ensemble) Photo : Avec l’aimable permission de l’artiste et de la Galerie Peter Kilchmann, Zurich

Avec cette œuvre, Margolles pointe les failles d’un système de justice qui oublie volontairement certaines victimes, dans ce cas-ci des femmes. Elle est allée photographier les affiches de jeunes femmes disparues qui placardent les murs de la tristement célèbre ville de Juarez, dans le Nord du pays. Avec Viviane Michel, présidente de Femmes autochtones du Québec, John Zeppetelli discute des troublants parallèles qu’on ne peut s’empêcher de faire avec les disparitions de femmes autochtones survenues au Canada.

En el aire

Un espace blanc dans lequel, tout à coup, des bulles transparentes se mettent à flotter. Joli moment, pourtant rapidement assombri: l’eau utilisée pour créer cette mousse provient d’une morgue, où elle a été en contact avec des cadavres. John Zeppetelli analyse l’oeuvre en compagnie de ses trois invitées.

La Promesa

Teresa Margolles, La Promesa [La Promesse], 2012 Bloc sculptural réalisé à partir des décombres pulvérisés d’une maison démolie à Ciudad Juárez, Mexique Dimensions variables Vue d’installation au Centro de Arte Dos de Mayo, Madrid, 2014 Collection Museo Universitario Arte Contemporáneo (MUAC), UNAM, Mexico Photo: Rafael Burillo

Oeuvre phare de l’exposition Mundos, La Promesa nous invite à observer les vestiges d’une maison abandonnée de Mexico, que l’artiste a achetée et soigneusement déconstruite. 22 tonnes de gravats compactés forment un long bloc rectangulaire de 16 mètres, rappel de la violence que subissent les habitants, et particulièrement les femmes, de Ciudad Juarez. Kim Thuy explore l’oeuvre en compagnie du directeur du musée et est amenée à évoquer des expériences difficiles vécues au Vietnam.

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 Crédits photos:

Teresa Margolles, Mundos [Mondes], 2016
Installation, enseigne au néon provenant d’un ancien bar à Ciudad Juárez, Mexique, haut-parleur
87,5 x 522 x 20,5 cm
Photo : Avec l’aimable permission de l’artiste et de la Galerie Peter Kilchmann, Zurich

Teresa Margolles, Pista de baile del “Nightclub Irma’s” [Piste de danse du « Nightclub Irma’s »], 2016
Impression couleur sur papier de cotton
Travailleuse du sexe transgenre debout sur les ruines de la piste de danse d’une boîte de nuit démolie à Ciudad Juárez, Mexique
125 x 185 cm (encadrée)
Avec l’aimable permission de l’artiste et de la Galerie Peter Kilchmann, Zurich

Teresa Margolles, Pesquisas [Enquêtes], 2016
Installation murale, 30 tirages couleur de photographies d’affiches de femmes disparues à Ciudad Juarez, Mexique, des années 90 à aujourd’hui
303 x 705 cm (approx. pour l’ensemble)
Photo : Avec l’aimable permission de l’artiste et de la Galerie Peter Kilchmann, Zurich

Teresa Margolles, La Promesa [La Promesse], 2012
Bloc sculptural réalisé à partir des décombres pulvérisés d’une maison démolie à Ciudad Juárez, Mexique
Dimensions variables
Vue d’installation au Centro de Arte Dos de Mayo, Madrid, 2014
Collection Museo Universitario Arte Contemporáneo (MUAC), UNAM, Mexico
Photo: Rafael Burillo